Les nouvelles assises du pouvoir capétien au XIIe siècle C'est l'histoire de deux longs règnes : Louis VI (1108-1137) et Louis VII (1137-1180). La dynastie est bien implantée et il n'y a pas de conflits internes. On peut alors voir trois niveaux d'affermissement. Au niveau seigneurial, c'est l'accroissement du pouvoir des rois en tant que seigneurs de ban. Par là, les rois augmentent leur pouvoir direct. Les progrès en quantité de terres directement contrôlées par le roi sont limités dans la quantité ainsi que dans la qualité. Le premier but à atteindre est le contrôle complet de l'Île-de-France, en luttant contre les seigneurs de châteaux locaux. La géographie du monde capétien est minimale, mais la qualité de leur pouvoir se renforce. Au niveau féodal, on peu parler d'idéologie. L'idée qui se développe : le roi peut utiliser ses liens féodaux pour apparaître comme le suzerain de tout le monde, ce qui sera le résultat final. Cette théorie doit beaucoup à l'abbé Suger, curé de Saint-Denis. Ce sera l'un des conseillers les plus influents de Louis VI et même le régent de Louis VII. La fin du XIe était une période où le roi contrôlait un territoire limité et rappelait peu sa suprématie féodale sur les princes et comtes. En 1108, les grands princes ne prêtent pas hommage à Louis VI. Puis on commence lentement à voir un renforcement de l'autorité féodale : les seigneurs et princes vont prêter des «hommages en marches» pour, non pas toute la principauté, mais des châteaux. Le véritable basculement se situe au milieu du XIIe : l'hommage va se généraliser. La principauté va être considérée comme un fief à part entière. On voit alors les prémisses d'une pyramide féodale ; encore faut-il qu'elle soit univoque et que le roi soit seigneur de tous. En 1145, Suger précise que le roi ne prêtera aucun hommage : vu qu'il est roi, il peut tenir un fief, mais non pas prêter hommage (affaire du Vexin). A la fin du siècle, en 1192, l'entourage royal se heurte à un autre problème, le don d'un fief. Le roi refuse car il trouve anormal pour un roi le fait de détenir un fief. En résumé, au début, la royauté renforce sa suprématie politique en assurant sa suprématie féodale : tous les princes doivent l'hommage, puis le roi ne peut faire hommage à personne, finalement, détenant l'autorité féodale la plus importante il ne peut détenir aucun fief. Au niveau politico-religieux, le roi table également sur son prestige. On véhicule l'idée du roi comme défenseur suprême du territoire et de l'église. En 1119, Louis VI prend Cluny sous sa protection (Cluny se trouve en principauté de Bourgogne). 1124 : Louis VI marche avec des princes en campagne contre l'empereur pour défendre Reims (importance territoriale nouvelle du roi). En 1127, à la mort du comte de Flandre, il intervient, sans succès, dans le choix du successeur. Le roi part en croisade. En 1177, le comte de Toulouse, dans le Midi, fait appel au roi pour envoyer une mission contre les Cathares. (à suivre...)