Le livre joue un rôle important dans l'oniromancie musulmane. Il a aussi joué un grand rôle dans le développement de la civilisation musulmane et a représenté, tout au long du Moyen Age, à cause de la forte demande en manuscrits, un marché important, surtout avec la fabrication du papier qui remplaça le parchemin et le papyrus. Le livre musulman remonte au tout début de l'Islam quand, sous la direction du Prophète, on se mit à réunir les feuillets – suh'ûf – sur lesquels étaient transcrits les versets du Coran et à les placer entre deux planches : c'est le mish'af primitif, terme encore utilisé de nos jours par les pieux musulmans pour désigner le Livre sacré. Avec la conquête de l'Egypte, les musulmans ont disposé de grandes quantités de papyrus (qîrtâs), mais c'est le papier, fabriqué à partir de la deuxième moitié du VIIIe siècle, qui permit au livre de se généraliser. Cette période coïncida avec l'éclosion de la culture musulmane : les sciences religieuses – exégèse coranique, hadith – mais aussi profanes – mathématiques, alchimie, médecine, philosophie… – ainsi que la littérature, prirent leur essor. Les califes encouragèrent la production d'œuvres originales, en versant de fortes subventions aux auteurs. Les particuliers faisaient également copier les livres, pour leur propre usage, les plus fortunés et les mécènes disposaient même, dans leur demeure, d'ateliers de fabrication de livres. Les étudiants recopiaient eux-mêmes les ouvrages dont ils avaient besoin ; certains réunissaient les notes qu'ils prenaient en cours et en faisaient des livres.