Résumé de la 5e partie n Ayant reçu une prime d'assurance assez conséquente, Georgie-Ann se met à la recherche d'un nouvel appartement... J'étais excitée comme un jeune chiot. Je m'étais mise sur mon trente et un, comme autrefois lorsque j'avais rendez-vous avec un homme. Après tout, pensai-je, il s'agit vraiment d'un premier rendez-vous. Entre moi et mon nouveau chez-moi. Imaginez ma consternation lorsque je pénétrai dans le bureau de Charlotte pour y être accueillie par un certain Alexander Persoff. Grand. Mince. Brun. Un regard noir intense. Des lèvres vermeilles. L'homme semblait tout droit sorti d'un roman Harlequin. Dans tous les cas, Alexander Persoff était beaucoup trop beau quand il me prit la main et me dit que Charlotte, ce matin, avait fait une chute dans son escalier et ne pourrait pas reprendre le travail avant une bonne semaine. — Mais je serais ravi de vous aider, dit-il. Il avait une voix de ténor, chose surprenante chez un homme aussi élancé, mais l'effet n'était pas désagréable. — Non, répondis-je. Déjà, je me dirigeais à reculons vers la sortie. — Je ne pense pas. Non. Non. — Mais mademoiselle Bailey, je suis sûr que... Je n'attendis pas de savoir de quoi il était sûr car j'étais certaine que ma mère avait quelque chose à voir là-dedans. Charlotte n'avait pas plus fait de cabrioles dans son escalier qu'il ne lui avait poussé deux orteils supplémentaires. Eh bien, bonne chance à eux tous et que Dieu les bénisse ! Charlotte Dillon et Alexander Persoff n'étaient pas les deux seuls agents immobiliers à Nashville. Cinq minutes plus tard, en attendant que le feu passe au vert, je me retrouvai à marmonner : D'accord, certaines de mes décisions peuvent paraître excentriques aux yeux des autres, et alors ? Ce n 'est pas leurs oignons. C'est alors qu'une longue voiture noire s'arrêta à côté de la mienne, avec Alexander Persoff au volant. Aussitôt après, il se penchait au-dessus de ma vitre. — Mademoiselle Bailey, commença-t-il, vous devez me dire en quoi je vous ai offensée. — Monsieur Persoff, vous allez vous faire écraser. — Non. Permettez-moi d'insister. Il faut que je le sache. Le feu passa au vert. Des klaxons retentirent derrière nous. Alexander Persoff, un genou sur la chaussée, les ignora. — Vous devez m'accorder une seconde chance. — Oh, pour l'amour de Dieu. Relevez-vous et garez-vous là. Je désignai une aire de stationnement. Regarder Alexander sortir de sa voiture, c'était comme regarder croître à vue d'œil un chêne puissant. Vous voyez de quel genre d'arbre je veux parler, cette sorte qu'on fait pousser en Louisiane, un roi parmi les arbres, mais un roi bienveillant, un de ceux sur lesquels on rêve de grimper, avec des petits endroits douillets dans lesquels on aspire à se blottir. C'est-à-dire, si on aime les arbres – ou les hommes. (à suivre...)