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Une ville, une histoire
A la recherche du crocodile (6e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 17 - 12 - 2004

Résumé de la 5e partie La preuve est faite que le crocodile du Sahara n'est pas un mythe et qu'il existe... Malheureusement on pense que l'espèce, faute de plans d'eau suffisamment profonds, a disparu de nos contrées sahariennes.
Novembre 1924. Le lieutenant Beauval, veut, à son tour, retrouver le crocodile du Sahara, toujours à la mode, même si la plupart des savants continuent à le considérer comme un canular. Accompagné d'un guide touareg, il se rend sur les rives de l'oued Eherir où la plupart des sauriens ont été repérés.
Après avoir cherché, en vain, les bêtes, il se fait conduire jusqu'à l'aguelmim de Tessassilet. Un aguelmim est un réservoir naturel d'eau douce, plus ou moins long, plus ou moins profond. Celui dont il question mesure 440m de long, avec une profondeur de 3 mètres, ce qui paraît suffisant pour contenir des crocodiles de petite taille. Mais ce jour-là, les crocodiles ne se montrent pas. Le lieutenant Beauval a beau agiter l'eau, rien ne se produit ! Cependant, avant de rentrer, il a la consolation de relever des empreintes de pattes de sauriens qu'il fait relever puis photographier au vérascope.
A Eherir, il lance un appel, offrant une récompense à toute personne qui capturerait un crocodile. Les Touareg se mettent aussitôt en chasse et l'un d'eux ne tarde pas à ramener une belle dépouille : un saurien de 2,02 m de long, pesant environ 70 kg. Il porte sur le flanc une blessure faite avec une arme à feu.
La bête, empaillée, sera montrée, trente-six ans plus tard, à l'exposition La vie au Sahara, organisée à Paris, au Musée de l'Homme. On pense que c'est la photo de ce crocodile qui figure dans le livre du lieutenant Gardel, Les Touareg Ajjers, publié en 1961 par l'Institut des études sahariennes de l'université d'Alger. Mais ce crocodile mesure 2, 40 m, alors que celui de 1924 dépasse à peine deux mètres. On s'est donc demandé s'il ne s'agit pas d'une autre bête. A moins, bien sûr, qu'en 1924 on se soit trompé dans les mesures.
Selon Gardel, le crocodile qui est représenté dans son ouvrage a été remis au laboratoire de zoologie de la Faculté d'Alger où il se trouvait au moment de la rédaction de l'ouvrage.
Quoi qu'il en soit, la preuve est faite que le crocodile du Sahara n'est pas un mythe et qu?il existe ou plutôt qu'il a existé? En effet, si on l'a encore signalé en 1940, en 1950, voire en 1956, on n'en a plus vu depuis. Il est vrai que des personnes prétendent l'avoir aperçu mais on n'en a aucune preuve : tout laisse croire que cette espèce s'est éteinte. La disparition est, sans doute, à imputer à l'environnement qui n'assure plus la survie de cet animal. En effet, la plupart des plans d'eau où, il y a encore quelques décennies, il pouvait vivre, se sont en partie taris.
D'ailleurs l?idée de réintroduire le saurien au Tassili n'est pas admise par les spécialistes : le crocodile n'ayant pas suffisamment d'eau, finira par disparaître de nouveau. Hélas, on ne peut pas toujours changer le cours des choses... D'autres espèces animales comme le lion et le cerf ont bien disparu de nos contrées. Avant, c'était l'éléphant, autre animal légendaire, qui a connu, en Algérie et dans les autres pays du Maghreb, ses heures de gloire.


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