Résumé de la 70e partie n Alors que sa grand-mère dépèce un chacal, pour utiliser sa peau contre le mauvais œil, son petit-fils a «goûté» à la tête du chacal, en léchant la plaie de sa tête. Des années ont passé… La vieille Aldjia est morte. Amar et sa femme Zahia ont vieilli, les enfants sont devenus grands et se sont tous mariés, fondant des foyers. Seul Samir, âgé maintenant d'une quarantaine d'années, est célibataire. En fait, il a toujours été un garçon maladif, voire bizarre, ce qui a fait accréditer l'idée qu'il est possédé. Ses parents ont tenté de le soigner, en multipliant les ziaras, ou séjours dans les sanctuaires, en vain. Le village a beaucoup changé. Il y a l'eau courante et l'électricité, des maisons modernes ont été construites, mais les croyances ont peu évolué. Ainsi, la croyance à la magie et à la sorcellerie font des ravages, on croit aux fantômes et aux revenants, on redoute les mauvais présages… Ainsi, beaucoup de gens pensent que les hurlements du chacal portent malheur… Ces animaux, toujours nombreux, continuent à faire des incursions dans les villages quand, à cause de l'hiver, le gibier vient à manquer dans les bois… Selon la croyance populaire, les chacals vivent en communautés, comme les hommes. Ils posséderaient des chefs, des assemblées et même des sages qui animent les réunions et qui prennent des décisions. C'est ainsi qu'ils décident des descentes à faire dans les villages, voire repèrent les foyers ou les personnes à attaquer ! On croit que ceux ou celles qui ont mangé de la cervelle de chacal sont capables d'entendre ce que disent les chacals, de comprendre leur langage et, donc, de déjouer leurs plans. Ces personnes existent, mais généralement elles se cachent parce qu'elles passent un peu pour des possédés ou, pire, des sorciers. — Il parle avec les chacals, c'est lui-même un chacal, un suppôt du diable ! Qui voudrait être un chacal, un suppôt du diable ? Personne, bien sûr, à moins d'être fou et d'acquérir, par cet état, un certain respect… Cet hiver est particulièrement rude et les gens redoutent les descentes des chacals. — Il faut être sur ses gardes ! On multiplie les pièges, mais les bêtes, sans doute par expérience, ont appris à les déjouer… Et ce ne sont que massacres de poulets, de lapins, voire d'agneaux et de brebis emportés… Ce jour-là, justement, dans la cour de la mosquée où les gens se rassemblent, on discute de chose et d'autres. Comme d'habitude, Samir est là, avec son père, et il écoute, sans rien dire, ce qui se dit. Brusquement, il se lève et crie. — je les entends ! Son père le regarde. — calme-toi ! — je les entends, je les entends ! Les gens se retournent vers lui. Quelqu'un demande. — Qu'entends-tu ? — Les chacals ! — tiens donc, les chacals… Tu peux les entendre glapir, d'ici ? — Je les entends d'ici ! Ils vont attaquer le village ! Il faut être vigilant ! — calme-toi, répète Amar. (à suivre...)