ONG pour la défense et la promotion de la langue et la culture amazighes, le Congrès mondial amazigh se retrouve, après 13 ans d'existence, laminé avec un bilan qui n'est positif qu'aux yeux de ses membres. A la veille de son cinquième congrès prévu du 30 octobre au 2 novembre prochains, l'organisation s'essouffle et est déjà divisée en deux groupes. Une partie a rejoint le président sortant Lounès Belkacem et l'autre le vice- président sortant, le Marocain Rachid Raha. La pomme de discorde est le lieu de la tenue du 5e congrès que le premier veut tenir à Meknès (Maroc) et le second à Tizi Ouzou. Hier, lors d'une conférence de presse qu'il a animée à la médiathèque de la ville des Genêts, Rachid Raha a qualifié la décision de Lounès Belkacem d'organiser le 5e congrès à Meknès d'«antistatutaire et illégale». Selon lui, «le lieu et la date de la tenue de cette rencontre ont été formulés dans une recommandation du congrès précédent qui s'est déroulé au Maroc. Le président sortant n'a nullement la prérogative de les changer. Sa décision reste individuelle.» Il ajoutera que la rencontre d'octobre prochain se tiendra à Tizi Ouzou, même si l'Etat algérien n'accorde pas d'autorisation à cet effet. Quant au bilan du CMA depuis sa création en septembre 1995 en France, il dira : «L'un des acquis importants est que les Imazighene du monde entier se rencontrent tous les trois ans. Par ailleurs, nous sommes présents dans plusieurs forums et institutions internationales.» Bilan qu'il qualifie de «positif». Pourtant, le CMA est totalement absent sur le terrain, en Algérie, pour promouvoir la langue et la culture amazighes (un objectif principal pour ses membres). Le CMA, ne s'est même pas prononcé lorsqu'en mars 2002, l'Etat algérien a constitutionnalisé tamazight langue nationale (article 03 bis de la Constitution). Mais les soucis sont actuellement ailleurs. La préoccupation de ses membres est pour l'heure de damer le pion au président sortant et le 5e congrès risque de consacrer la fracture et donner naissance à un CMA/Algérie et un CMA/Maroc. Notons que les quatre Marocains qui étaient présents, hier, à la conférence de presse dont Rachid Raha, n'avaient pas d'autorisation pour animer ladite conférence ce qui leur a valu une interpellation par la police qui les a relâchés une heure plus tard.