Résumé de la 10e partie n Après avoir purgé sa peine, Thomas Rogers, l'assassin, vit dans la ville fantôme de Spale, Amelia pense à l'interviewer... Excusez-moi. J'ai regardé toutes vos photos et tous vos articles, et j'ai fini par me retrouver ici. Au moment où vous êtes entré, je pensais à tout autre chose. Et non au meurtre de cette pauvre enfant. Et, oui, je m'appelle Amelia Blaney et vous devez avoir une réservation pour moi. Il la fixa un instant, lui laissant le temps de voir qu'il était fort séduisant. Proche de la trentaine, sans doute. Des traits hâlés, de magnifiques yeux noirs et d'épais cheveux bruns retombant en boucles autour du col de sa chemise. Les épaules larges d'un homme qui a retourné plus d'une balle de foin. Il portait un jean maculé de terre sur des bottes de cow-boy et une veste de laine écossaise rouge et blanc par-dessus sa chemise en toile de jean. Amelia fit prestement le tour du bureau et s'écarta d'un pas. — C'est moi qui suis désolé, dit-il en secouant la tête. Ne vous excusez pas. Jim Kopecki. Bienvenue dans notre zoo. C'est moi qui mène le troupeau, ici. Ils sourirent tous les deux, et soudain l'atmosphère se détendit dans le living-room-bureau. — Docteur Kopecki ? interrogea-t-elle. — Oui. Les gens du coin m'appellent Dr Doolittle, dans mon dos. — Ça ne m'étonne pas. Comment avez-vous échoué au Royaume des Animaux ? — J'ai toujours vécu ici, dit-il, d'un ton léger. j'ai hérité de cette ferme. Et des animaux aussi, d'une certaine façon. Au départ, il n'y avait que quelques lamas légués par un propriétaire des environs. Personne n'en voulait, ils ne présentaient aucun intérêt commercial à l'époque. Il y avait de l'ironie dans sa voix. Amelia, décontenancée, sentait que ce n'était pas seulement son histoire, mais l'homme lui-même qui l'intéressait. — Ensuite, est arrivé un couple d'autruches abandonnées en provenance d'une ménagerie ambulante. Puis des gens m'ont amené de petites biches orphelines, et ainsi de suite. Un jour, j'ai lu dans le journal un article sur une girafe maltraitée par ses propriétaires, et je suis allé la chercher. (Le jeune vétérinaire sourit.) Si vous m'aviez vu, sur l'autoroute avec ma remorque à huit roues et la tête de la girafe dépassant du trou qu'on avait découpé dans le toit... Amelia éclata de rire. Cette histoire l'enchantait et l'amour des bêtes qui, visiblement, animait Jim Kopecki, lui faisait chaud au cœur. — A partir de là, conclut-il, les choses se sont enchaînées d'elles-mêmes. (Avec une grimace comique, il se mit à rire avec elle.) Je me suis dit que beaucoup d'animaux sauvages naissaient dans ce pays et qu'il fallait bien que quelqu'un s'occupe d'eux. Quand j'étais petit, je rêvais d'avoir un kangourou rien qu'à moi. On ne se méfie jamais trop de ses rêves d'enfants. — Je vous envie, dit Amelia. Moi, je voulais un éléphant ! (à suivre...)