Dérapage n Insultes racistes, graves dérapages verbaux : les républicains font feu de tout bois pour rattraper le retard. Hier, un député américain a accusé le «ticket» républicain pour la Maison-Blanche, John McCain et Sarah Palin, d'attiser la haine envers leur adversaire démocrate Barack Obama, en position de devenir le premier Noir élu président des Etats-Unis. M. McCain et Mme Palin «jouent avec le feu et, s'ils n'y prennent pas garde, ce feu va tous nous dévorer», a déclaré le représentant démocrate John Lewis dans un communiqué diffusé sur Internet. Le député de Géorgie (sud-est), l'une des figures de la lutte pour les droits des Noirs, a estimé que par ses attaques personnelles envers le candidat démocrate, le camp républicain «sème les graines de la haine et de la division». Le ticket républicain, distancé dans les sondages, a accentué ses attaques depuis une semaine contre M. Obama, l'accusant de «copiner avec des terroristes» pour ses liens avec Bill Ayers, un ex-militant d'extrême-gauche dont le groupe a organisé une campagne d'attentats aux Etats-Unis dans les années 1960 et d'être «dangereux» pour les Etats-Unis. Lors de rassemblements électoraux, des républicains en colère ont crié des insultes et parfois des appels au meurtre à l'adresse du candidat démocrate. M. McCain a toutefois tenté de calmer l'ardeur de ses partisans vendredi en les invitant à «respecter» M. Obama. Ecrasé dans les sondages par le démocrate Barack Obama, John McCain alterne projets économiques de dernière minute, coups bas, spots agressifs et appels au respect, dans un ultime effort pour regagner du terrain. Le candidat démocrate Barack Obama, qui devance son adversaire de 11 points au niveau national (52% contre 41%) dans la course à la présidentielle, selon un sondage Newsweek paru vendredi, a, lui aussi, sorti de nouvelles mesures économiques de son chapeau vendredi dans l'Ohio. Il a également pris acte de l'appel au calme et au respect lancé par M. McCain à ses partisans, vendredi dans le Minnesota. Il y a un mois, le même sondage donnait les deux hommes à égalité (46%). Mais c'était avant l'éclatement de la pire crise financière depuis celle de 1929 et le passage de l'économie au tout premier rang des préoccupations des Américains. M. McCain se trouve aujourd'hui au pied du mur, écartelé entre des impératifs contradictoires qui rendent erratique sa stratégie de campagne : séduire la base ultra-conservatrice du parti, et s'attirer les bonnes grâces et les voix des électeurs indépendants toujours indécis. Face à un candidat démocrate qui inspire plus confiance aux électeurs pour gérer la crise économique, les attaques incessantes et de plus en plus violentes de M. McCain et de Sarah Palin ne semblent pas avoir porté leurs fruits. Le candidat républicain, aussi «franc-tireur» et «outsider» qu'il se présente, reste associé dans l'esprit de beaucoup d'Américains au très impopulaire George W. Bush, tenu en partie pour responsable du désastre financier actuel. La stratégie confuse de M. McCain a aussi été critiquée par des républicains.