Il fut un temps pas très lointain où la ville de Sidi El-Houari était la mecque de milliers d?Algériens en quête de fortune. Après avoir été, deux décennies durant, le point de chute de nombreux travailleurs des villes du pays, Oran, cette grande ville de deux millions d?habitants, n?attire plus ces derniers et les retient encore bien moins. Depuis la fin des années 1970 et le début des années 1980, Oran et ses deux agglomérations pétrochimiques Arzew et à un degré moindre Béthioua, ne constituent plus cette région privilégiée pour les citoyens de l?Algérie profonde en quête de travail. Le chômage persistant, le manque d?investissements dans la quasi-totalité des secteurs, d?une part, la crise du logement de l?autre, ne se sont pas faits pour attirer les travailleurs. Oran, à l?instar des autres régions du pays, subit les effets de la récession économique que connaît le pays, dont le chômage, l?absence de débouchés? De plus avec l?émergence, à partir des années 1970, d?une intelligentsia locale qui a été appelée à encadrer les entités économiques et les administrations locales qui constituaient le maigre tissu industriel, a ralenti puis carrément freiné le recours aux compétences des cadres des autres régions du pays dans certains secteurs, tel l?enseignement. Il est révolu le temps où Oran faisait appel y compris à certains métiers demandant la maîtrise d?une technicité comme la soudure, la menuiserie, la maçonnerie, aux professions que le marché local de la main-d??uvre n?arrivait pas à pourvoir. Les personnes répondant au profil de ces postes étaient inexistantes ou faiblement disponibles. Révolu aussi le temps où le cadre frais émoulu, débutant sa carrière de gestionnaire, se voyait «octroyer» automatiquement un logement qu?il pouvait revendre au triple, parfois au quintuple de son prix réel. On raconte, à ce sujet, que certains appartements de la cité Zabana à Arzew, l?un des fleurons de l?architecture moderne dans la wilaya d?Oran, datant de la moitié des années 1970, étaient restés vides jusqu?au début des années 1980 faute de locataires. La cherté de la vie pour certains, la pauvreté et le chômage pour d?autres sont parmi les raisons qui ont poussé plusieurs Oranais à «déserter» la ville, après plusieurs années de bons et loyaux services?