La viande de chien, comme tout animal carnivore, est illicite. Cependant, la pratique de la cynophagie ou consommation de chien, est attestée au Maghreb et surtout au Sahara. Cette pratique est décriée et on se moque des «mangeurs de chiens», tels les habitants de Gabès, en Tunisie, ou ceux de certaines oasis algériennes. En fait, cette pratique est très ancienne. Elle est attestée chez les Bafours – population berbère du Sahara occidentale – qui présentent la caractéristique d'être sédentarisés depuis longtemps par rapport aux populations nomades, d'origine sanhadjienne, qui se sont installées avec l'avènement de l'islam. Les Bafours vivent dans des ksour ou villages fortifiés, ils pratiquent l'agriculture, élèvent du bétail et s'adonnent à la chasse. Ils possèdent également des chiens (appelées tarus, pluriel tawaris), qu'ils utilisent pour la chasse et le gardiennage, mais qu'ils consomment également. Cette population était, d'après des témoignages kharidjites, opposée aux Almoravides sunnites et à l'expansion de leur empire. Leur capitale s'appelait Madinat al-Kilab, «la ville des chiens», à cause des chiens féroces que les habitants dressaient à la guerre. Selon la légende, un marabout local, Sidi al-Hadrami, devenu un saint renommé, a pu, grâce à sa baraka, les retourner contre leur maître.