Le chien semble avoir joué un rôle de premier plan dans l'opposition entre les populations kharijites du Maghreb et du Sahara et les Almoravides. Ainsi, d'après les récits des historiens arabes, lorsque les Almoravides ont pris Sijilmasa, capitale d'un royaume berbère kharijite du sud marocain, ils ont passé au fil de l'épée tous les habitants et les chiens. Cet acharnement contre cet animal s'explique sans doute par le rôle tenu par cet animal chez les kharijites, qui devaient, peut-être, pratiquer des sacrifices de chiens et surtout se nourrir de leur chair. La tradition ancienne de se nourrir de la chair de chien semble très forte dans cette partie du monde berbère. El-Idrissi, qui rapporte également cette caractéristique culinaire des Sijilmassins écrit que les femmes croyaient que la chair de chien les engraisserait et leur donnerait ces formes rondes, qui faisait alors la beauté féminine. On sait que les auteurs latins réservaient l'appellation de Canari, à une population antique du Guir marocain : ce nom, qui provient du mot canis (en latin chien), venait sans doute de la consommation du chien. La même remarque vaut pour les îles Canaries. On n'a pas de preuve que la cynophagie ait été pratiquée dans les îles, mais les populations élevaient des chiens qui servaient peut-être à la consommation.