Quels symboles pouvait revêtir la cynophagie maghrébine et saharienne ? Dans les zones où elle est encore pratiquée, on pense qu'elle engraisse les femmes. Très souvent, celles qui s'y adonnent le font en cachette, car même s'il s'agit d'une pratique esthétique, la consommation de la viande de chien est mal vue. C'est s'abaisser à manger un animal vil, en plus de l'interdiction religieuse qui pèse sur ce genre de nourriture. Cette vertu engraissante de la viande de chien a déjà été relevée par el-Idrissi, un géographe du XIIe siècle, qui a voyagé au Sahara. Cette pratique ne fait pas seulement avancer la puberté des fillettes, mais aussi provoque leur fécondité, action également dévolue au gavage. Cette croyance que la chair de chien favorise la fécondité existe encore de nos jours. Dans certaines régions de Kabylie, la chair de chien est consommée par les femmes stériles. On en donne encore aux nourrissons pour les protéger des maladies et surtout du mauvais œil, à Casablanca, on sacrifie un chiot et on donne sa chair aux femmes souffrant de stérilité. Ce rapport de la femme et du chien rappelle les scènes de certaines gravures rupestres où l'on voit des canidés (chacals ou chiens) en compagnie de femmes.