"Midi" Le fracas d?un rideau métallique que l?on descend annonce, comme un signal tacite, le moment de fermeture des rares magasins de la médina de Annaba, la place d?Armes, comme aiment à l?appeler les habitants de la Coquette. Epiciers, boulangers et marchands de légumes sont comme pris d?une frénétique envie de rentrer chez eux. On se hâte de servir les derniers clients, les poussant presque dehors. Sous le soleil de plomb qui écrase le quartier, les ruelles sont quasi désertes. Seules quelques vieilles dames vêtues de la traditionnelle gandoura d?été échangent des propos devant le pas-de-porte de leur maison. Les enfants, eux, sont déjà rentrés remettant à plus tard le match de foot ou la partie de vélo. La médina, comme la plupart des quartiers de la ville, se prépare à sacrifier à un rituel auquel nul ici ne songerait à se soustraire, surtout en juillet : la sieste. Une habitude bien ancrée dans les pénates bônois, qui se veut prolongée si possible pour mieux profiter des soirées en plein air. Il est vrai que cette coutume est observée avec plus ou moins de rigueur dans de nombreuses petites villes algériennes. Mais «etteguiela» (la sieste) n?a pas la même importance, ni n?est pratiquée avec le même art nulle part ailleurs, qu?à Annaba.