Réussite n Deux anciennes apprenantes du système d'alphabétisation poursuivent aujourd'hui leurs études à l'université de Jijel après un «parcours du combattant» de plusieurs années. Naïma Boutabouna, 23 ans, native de Chekfa, et Saïda Boukezioua, 26 ans, originaire de la localité de Ouled Salah, sont inscrites, pour cette année universitaire, respectivement en 1re et 3e année de droit à la nouvelle université de Tassoust. Si pour Saïda, l'école publique, seconde étape de son cursus, l'a propulsée vers l'enseignement supérieur, il n'en est pas de même pour Naïma qui n'a «jamais mis les pieds dans une école étatique pour des raisons inexpliquées», selon le président de l'association Iqra au niveau local, Mourad Boukhalfa. Au siège de cette association, un minuscule réduit situé au rez-de-chaussée de l'imposant immeuble qui abrite la bibliothèque communale Salah-Abdelbaki, au centre de Jijel, les bénévoles, garçons et filles, issus pour la plupart des milieux universitaires, ne dissimulent pas leur fierté devant ce qu'ils appellent «un résultat choc». Pour Samira, comme pour Adel et Rédouane, «c'est un plaisir de voir les gens découvrir un nouveau monde» à la faveur de l'alphabétisation. Ils sont 6 500 apprenants recensés dans 26 communes de la wilaya au sein de cette association qui active depuis 1996 avec un encadrement de 350 enseignants. Des efforts sont en cours pour ouvrir des écoles d'alphabétisation dans les communes rurales de Settara et de Erraguène, les seules qui restent dépourvues de telles structures. Le manque de livres conjugué à l'exiguïté des locaux, constitue, néanmoins, un sérieux obstacle à la bonne marche et au fonctionnement de l'association. Cela étant, les matières enseignées au niveau des écoles encadrées par l'association Iqra vont de l'apprentissage du simple alphabet en langue arabe à la grammaire, en passant par la conjugaison, la lecture, les sciences et le Coran. Le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels s'est également impliqué dans la bataille de l'alphabétisation, a indiqué son premier responsable au niveau local, Rachid Louh, précisant que les structures existantes contribuent à la «formation et la qualification professionnelle» des apprenants. Selon les responsables de Iqra, les femmes sont les plus enclines à aller apprendre, et cela même si ces deux dernières années, les hommes, peut-être pour afficher leur volonté et leur «nif», ont pris leur courage à deux mains et ont franchi, plus nombreux, le seuil de l'école d'alphabétisation, a confié un éducateur rencontré au siège de l'association. Agés entre 7 et 77 ans, ces apprenants fréquentent les écoles qui ouvrent leurs portent tous les lundis et jeudis de 13h 30 à 16h 30 ainsi que les premières semaines des vacances de printemps et d'été.