Résumé de la 1re partie n Après un long moment d'attente dans la voiture volée, l'auteur s'apprête à entrer par effraction au domicile de Adam Cruishang... Je savais où j'allais. Adam Cruishank l'ignorait, mais j'étais déjà venu dans son appartement, la veille, pendant qu'il était dehors, occupé à boire avec des copains, afin d'inspecter les lieux. Au tableau d'honneur de la stupidité, entrer en pleine nuit et par effraction dans un appartement sans savoir quel couloir mène au living-room et quel autre abrite un doberman, voilà qui mérite la première place. La porte s'est ouverte d'un coup. Gagné. Pas de doberman, rien qu'Adam et le bruit de la télé. Je suis entré en refermant la porte derrière moi, et j'ai posé sans bruit le journal sur la table. Le plan était simple. Cuisine et salle de bains à droite. Après la cuisine, le living-room à gauche, et la chambre à droite. Je me suis avancé, je tenais maintenant le pistolet à deux mains. Personne dans la cuisine. Très bien. J'ai bifurqué à gauche. La chambre, avec en tout et pour tout un matelas et son sommier à ressorts posés à même le sol sous un amas de draps et de couvertures. Personne. Pas de danger. Bien. Direction le living-room, où un film en noir et blanc passait, une histoire de voyage sur la lune. Un canapé, deux fauteuils, tous vides. Pas de danger. J'ai baissé le pistolet. Bon sang. Il y a eu un bruit de chasse d'eau et un Adam Cruishank à moitié endormi, jeune et nu, est entré dans le living-room. Il s'est vite réveillé en me voyant et a voulu dire quelque chose, mais je ne lui en ai pas laissé le temps car, profitant de sa nudité, je lui ai balancé un bon coup de pied entre les jambes, là où ça fait le plus mal. Il s'est écroulé par terre et je me suis, placé derrière lui pour le forcer à se redresser et à se mettre à genoux en le tirant par ses longs cheveux bruns attachés en queue de cheval, c'était très commode. Je lui ai appliqué la gueule du silencieux à la base de la nuque. — La ferme, Adam, ai-je dit, d'une voix aussi basse et aussi menaçante que possible. Tu sais de quoi il s'agit, n'est-ce pas ? Il tremblait sur le carrelage. — C'est à cause de la semaine dernière, d'accord, mec... C'est ça ? — Très bien. Sa voix s'est faite plaintive et suppliante : — Mais c'est pas ma faute ! C'était Tony qui a eu l'idée ! — Très drôle, ai-je dit, juste avant d'appuyer sur la détente. Je l'ai vu il y a deux heures, et il m'a dit la même chose à propos de toi. Une semaine auparavant j'étais à Porter, au nord de Boston, dans l'État voisin, assis sur un siège inconfortable du petit commissariat. J'ai de l'estime pour le travail des flics et pour tout ce qu'ils font, mais je ne me suis jamais senti à l'aise dans un commissariat. Les flics avaient fait des efforts pour rendre le hall d'entrée chaleureux et accueillant en mettant sur les murs des photos d'équipes de base-ball et de manifestations charitables au profit des enfants, mais, face à moi, derrière une vitre à l'épreuve des balles, l'agent de service en uniforme me regardait. (à suivre...)