Résumé de la 62e partie n Neeve découvre que Myles allait régulièrement chez un psy qui cherche à en savoir plus long sur lui. C'est étrange, pensait-il aujourd'hui tout en regardant Felton faire tourner un crayon entre ses doigts, qu'il ne me soit jamais venu l'idée de me confier plus à Dev. Mais ce n'était pas un sujet pour le confessionnal. «J'ignorais que les psy étaient censés donner des signes de nervosité», dit-il d'un ton ironique. Adam Felton rit et fit habilement tournoyer son crayon dans sa main. «J'ai droit aux gestes de nervosité depuis que j'ai cessé de fumer. Vous semblez d'humeur réjouie, aujourd'hui.» La remarque aurait pu s'adresser à n'importe qui dans un dîner mondain. Myles lui parla de la mort de Nicky Sepetti et, agacé par les questions inquisitrices de Felton, se récria : «Nous avons déjà exploré ce terrain. J'ai passé dix-sept ans à redouter qu'il n'arrive malheur à Neeve à la minute où Sepetti sortirait. Je n'ai pas su protéger Renata. Combien de fois devrais-je vous le dire ? Je n'avais pas pris la menace de Nicky au sérieux. C'est un tueur de sang-froid. Il n'était pas dehors depuis trois jours quand ils ont descendu notre homme. Nicky l'a probablement repéré. Il disait qu'il flairait un flic sur-le-champ. — Et aujourd'hui, vous avez l'impression que votre fille ne craint plus rien ? — Je sais qu'elle ne craint plus rien. Notre gars a pu nous dire qu'il n'y a pas de contrat lancé contre elle. Ils ont dû en discuter. Je sais que les autres ne s'y risqueront pas. Ils allaient mettre Nicky au rancart de toute façon. Ils doivent se féliciter de pouvoir l'envelopper dans un linceul.» Adam Felton recommença à jouer avec son crayon, hésita et le laissa délibérément tomber dans la corbeille à papier. «Vous me dites que la mort de Sepetti vous a soulagé d'une peur qui vous a hanté pendant dix-sept ans. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ? En quoi cela va-t-il changer votre vie ?» Quarante minutes plus tard, lorsque Myles quitta le cabinet du psychiatre et reprit sa marche, il avait retrouvé le pas vif et assuré qui était le sien à une époque. Il savait qu'il était pratiquement remis sur le plan physique. N'ayant plus à s'inquiéter pour Neeve, il allait se remettre à travailler. On l'avait sollicité pour prendre la direction de l'Agence gouvernementale de lutte contre la drogue à Washington. Cela l'obligerait à passer une partie de son temps là-bas, à trouver un appartement. Il n'en avait pas parlé à Neeve, mais il serait bon qu'elle puisse vivre pour elle-même. Elle passerait moins de temps à la maison, sortirait davantage avec des gens de son âge. Avant qu'il ne tombe malade, elle avait coutume de passer les week-ends d'été dans les Hamptons et de faire du ski à Vail. L'année dernière, il avait dû la forcer à partir, ne serait-ce que quelques jours. Il désirait qu'elle se marie. Il ne serait pas toujours là. A présent, grâce à la crise cardiaque de Nicky, il pourrait partir à Washington l'esprit tranquille. Myles se souvenait encore de la douleur fulgurante provoquée par l'infarctus. Comme si un rouleau compresseur armé de pointes lui avait labouré la poitrine. J'espère que tu as éprouvé la même chose en passant l'arme à gauche, mon salaud, pensa-t-il. Puis il lui sembla voir le visage de sa mère, sévèrement tourné vers lui. Souhaite l'enfer à ton prochain, et l'enfer viendra à toi. Ce qui doit arriver arrive. (à suivre...)