Complexité n Devant l'importance prise par le concept des droits de l'homme dans le monde, parler de la situation qui prévaut en Algérie et en faire un état des lieux, n'est pas chose aisée. Cela d'autant plus que la définition des droits de l'homme diffère au même titre que la perception des uns et des autres de la situation sur le terrain. Ainsi, pour certains, les accusations portées par Amnesty International, dans son dernier rapport sur la situation des droits de l'homme en Algérie sont tendancieuses. D'autres, en revanche, ne les trouvent pas assez musclées et estiment qu'elles ne reflètent pas la dure réalité. Le rapport en question s'est étalé, entre autres, sur «les violences politiques qui persistent et qui continuent à faire des victimes». Le document fait aussi état de l'existence de «personnes soupçonnées de participation à des activités terroristes, et qui sont détenues dans des lieux secrets et sans contact avec le monde extérieur». Selon Amnesty, ces personnes risquaient d'être soumises à la torture et aux mauvais traitements. Celles soupçonnées de terrorisme et qui avaient été renvoyées en Algérie par des gouvernements étrangers ont été, poursuit le rapport, «condamnées à des peines d'emprisonnement à l'issue de procès qui n'ont pas respecté les normes internationales d'équité». Le rapport évoque également des harcèlements dont seraient victimes les défenseurs des droits de l'homme et les journalistes dans notre pays. Amnesty revient, par ailleurs, sur «l'impunité dont bénéficient les membres des groupes armés et des forces de sécurité, responsables d'atteintes flagrantes aux droits humains, commises dans le cadre du conflit interne des années 1990». L'organisation salue, cependant, les initiatives «encourageantes» prises pour protéger les femmes contre les violences et pour abolir la peine de mort. Outre ces avancées, l'Algérie a mis en place un important arsenal législatif, réglementaire en rapport avec les droits de l'homme, dont la création de la Commission nationale consultative de promotion des droits de l'homme (CNCPDH). Ces droits demeurent, cependant, tributaires d'un ancrage dans la société. Dans une intervention lors d'un séminaire consacré à l'état des lieux et perspectives des droits de l'homme en Algérie, maître Farouk Ksentini, président de la CNCPDH, a affirmé que «les droits hommes sont, avant toute chose, une affaire d'éducation et d'engagement citoyen, notamment des agents de la société civile dans sa pluralité». Il n'empêche que l'Etat de droit se traduit aujourd'hui par l'effectivité de l'application de la loi internationale sur le terrain.