Avancée n Dans un entretien accordé à la Radio nationale au début de l'année en cours, Maître Farouk Ksentini a estimé que les droits de l'homme en Algérie «ne vont pas bien, mais ils vont mieux». Les réformes engagées dans le secteur de la justice et la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale ont joué un grand rôle dans l'amélioration de la situation des droits de l'homme, selon le président de la CNCPPDH. Il reconnaît, toutefois, que «les objectifs n'ont pas été totalement atteints, bien que l'objectif principal ait été réalisé», faisant référence au retour d'une certaine stabilité. S'agissant de la question des droits sociaux, il a tenu à faire remarquer que «des tensions existent et sont visibles à travers le mal vivre du citoyen». Pour lui, des efforts ont été déployés par les autorités pour prendre en charge les préoccupations quotidiennes des citoyens. Mais «les efforts fournis n'ont pas encore abouti», a-t-il déclaré avant de faire remarquer que la CNCPPDH «a constaté des choses alarmantes et a alerté qui de droit». Revenant sur la détention préventive, Me Ksentini a relevé que des abus persistent, mais à un degré moindre. «La détention préventive pose toujours problème alors qu'elle doit demeurer une mesure exceptionnelle», précise le président de la CNCPPDH, qui tient à faire remarquer que les «choses progressent, même si le nombre de détenus est excessif». Enfin, Maître Ksentini conteste l'existence de lieux de détention secrets ou de torture. «La torture a complètement disparu de notre pays», souligne-t-il. Dans le chapitre des homicides à caractère politique figurant dans le rapport d'Amnesty International, les choses sont pourtant présentées autrement. En dépit de ce démenti formel de Maître Ksentini, le rapport d'Amnesty ne s'est pas empêché de réitérer des accusations de ce genre à l'adresse des autorités algériennes. «Des personnes soupçonnées d'actes de terrorisme sont, selon le rapport, incarcérées sans contact avec le monde extérieur dans des lieux de détention secrets. Parmi eux figuraient plusieurs Algériens renvoyés dans leur pays par des gouvernements étrangers». L'Algérie n'a, selon Amnesty International, pris aucune initiative pour élucider le sort de milliers de personnes disparues. L'ordonnance n°6-01, toujours en vigueur, stipule que les familles des disparus peuvent bénéficier d'une indemnisation qui est cependant tributaire d'une notification écrite certifiant la mort de leurs proches. La notification est délivrée par une autorité compétente. Selon cette ONG, «des familles ont affirmé que les autorités avaient fait pression sur elles pour qu'elles sollicitent ce document. D'autres ont refusé de le faire car elles craignaient que cette démarche n'exclue définitivement toute possibilité d'investigation». Les autorités ont déclaré au Comité des droits de l'homme qu'elles avaient retenu 6 233 demandes d'indemnisation et classé quelque 17 000 cas dans la catégorie des «terroristes tués. Elles n'ont toutefois fourni aucun détail quant aux disparus. Des familles ont reçu des notifications de décès indiquant que leurs proches disparus avaient été tués parce qu'ils étaient membres de groupes armés», lit-on dans le rapport d'Amnesty International. Le nombre de familles indemnisées demeure inconnu, poursuit le rapport.