La baisse du pouvoir d'achat, dont souffre le citoyen algérien, n'est plus dénoncée uniquement par le front social, puisque c'est au tour de la commission consultative des droits de l'homme de dénoncer cette situation "alarmante", dans son rapport annuel sur les droits de l'homme en Algérie, lequel sera soumis au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, mercredi prochain. C'est, en tout cas, ce qui a été annoncé par le président de ladite commission, Me Farouk Ksentini.Il faut noter, dans ce contexte, que le constat de la commission intervient dans une conjoncture marquée par un mouvement de protestation au sein des syndicats autonomes, même si la Centrale syndicale essaye de calmer les choses en soumettant au gouvernement des propositions concernant l'amélioration du pouvoir d'achat et devant contribuer à freiner la flambée des prix des produits de large consommation. Me Ksentini a souligné, concernant la situation des droits de l'homme dans notre pays, que des progrès substantiels ont été réalisés. L'hôte de l'émission "Invité de la rédaction" de la Chaîne III de la Radio nationale a affirmé qu'il y a deux aspects dans l'évaluation de la situation des droits de l'homme en Algérie. Il s'agit, en premier lieu, du retour de la paix civile dans le cadre de l'application du processus de réconciliation nationale. A ce titre il a réaffirmé que la paix est un droit fondamental et que les choses ont été menées à bien. En deuxième lieu, il a cité, le processus portant sur la réforme de la justice, en soulignant que ce secteur est en train de connaître des réformes substantielles. En outre, Me Ksentini a évoqué ce qu'il a appelé "la culture des droits de l'homme" qui nécessite, selon lui, des moyens et du temps "mais nous avons entamé le chemin" a-t-il ajouté. Pour ce qui est des droits sociaux, notamment, ceux liés au travail, le logement, la santé et autres, le responsable de la commission consultative des droits de l'homme a affirmé qu'il y a "un retard considérable" auquel il faut s'attaquer, puisque "les choses vont mal à cet égard" surtout en ce qui concerne la cherté de la vie "qui est devenue insupportable". Dans ce cadre, Me Farouk Ksentini a souligné qu'il ne faut pas seulement réviser les salaires mais faire en sorte que la vie des citoyens devienne moins chère. Une cherté qu'il explique par le fait que l'Algérie exporte en dollars et importe en euros. Pour Ksentini, il faut en urgence alléger la situation sociale au plus vite, puisque "elle est alarmante". Interrogé sur la lutte contre le terrorisme, il a recommandé que celle-ci soit adaptée aux nouvelles méthodes utilisées par les terroristes, notamment les attentats suicides ou ce qu'il a appelé "un terrorisme de 2e génération", puisque ce dernier a changé de méthodes et de commanditaires en s'affiliant à la "philosophie d'Al Qaida" et du fait que la menace de cette organisation criminelle est mondiale, il recommande également de recourir l'aide internationale. Par ailleurs et dans un entretien accordé hier à l'APS, M. Farouk Ksentini, a indiqué, samedi à Alger, que le rapport sur la situation des droits de l'homme en Algérie met en relief des franges de la société qui ne sont pas prises en charge par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Enumérant ces cas, il a cité les ex-internés des camps du Sud pour qui, a-t-il dit, la CNCPPDH fera en sorte que "leur cas soit traité par l'Etat". "Le rapport contient des suggestions adressées au président de la République pour résoudre définitivement ce problème", a-t-il encore affirmé. Pour lui, il existe également des personnes que l'Etat "doit prendre en charge", notamment les citoyens ayant subi des dégâts matériels et qui ont vu leurs habitations ou leurs propriétés ravagées par le terrorisme. "Il faut leur trouver une solution", a-t-il encore plaidé. S'agissant des familles de disparus, il a reconnu que ces dernières rencontrent "un certain nombre de difficultés" pour faire valoir leurs droits, soulignant que "ces difficultés sont en train d'être surmontées" et que "la majorité a été indemnisée". D'autre part, le président de la CNCPPDH a évoqué la question du maintien de l'état d'urgence, estimant que ce dispositif "ne peut constituer une entrave à l'exercice démocratique" ni, a-t-il dit, "un obstacle à l'exercice des libertés individuelles et collectives". "La presse est libre, le droit au rassemblement est garanti et les élections se sont effectuées dans un climat de liberté", a-t-il relevé, expliquant que l'état d'urgence est un arsenal juridique dont s'est doté l'Etat pour "combattre le terrorisme et non pas pour entraver les libertés des citoyens". Concernant le problème des détenus de Guantanamo, devant regagner le pays, il a réfuté la thèse consistant à dire que "leurs libertés ne seront pas respectées en Algérie". "Ce qui leur est arrivé à Guantanamo est déjà suffisamment dommageable à leur égard pour que nous puissions aggraver leur situation", a-t-il déclaré, ajoutant que "ces détenus, une fois arrivés en Algérie, leurs libertés seront assurées".Sur le volet des droits de l'enfance, M. Ksentini a indiqué que le rapport de la Commission a réservé une place "privilégiée" à ce sujet. "Les droits de l'enfance dans notre pays sont suffisamment protégés", a-t-il estimé, ajoutant qu'il existe un arsenal juridique qui démontre l'intérêt accordé par l'Etat à cette catégorie de la société. Il a affirmé, à cet effet, que "comparativement à d'autres pays qui sont d'un niveau de développement similaire au nôtre, l'Algérie peut estimer qu'elle est dans un stade appréciable quant au respect des droits de l'enfance"