Promesse n En emmenant leur vache au pâturage, les orphelins se mettent à la téter. Non seulement ils sont rassasiés, mais ils prennent de belles couleurs et respirent la santé. Nous continuons avec les contes kabyles, avec un conte très célèbre, «la vache des orphelins», qui est également connu dans d'autres régions du pays, notamment la région de Tiaret, dont nous donnerons plus loin une version. Il était une fois un homme et une femme qui avaient deux enfants, Aïcha, l'aînée, et Ali, le cadet. Le couple, qui n'était pas riche, ne possédait qu'une vache, mais la famille était heureuse. Mais voilà qu'un malheur survient et que la mère tombe malade. Sentant sa fin approcher, elle dit à son mari : — fais-moi le serment que tu ne vendras jamais la vache, laisse-là à mes enfants ! Elle meurt. Aussitôt le deuil passé, l'homme se remarie. La nouvelle femme s'occupe bien des orphelins, mais dès qu'elle a des enfants, elle les néglige, puis se met à les détester. Son mari lui fait des reproches, mais elle ne veut rien entendre. Elle confie les tâches les plus pénibles à Aïcha et à Ali, puis elle les prive de nourriture. C'est à peine si elle donne les restes de repas, alors que les meilleurs morceaux sont pour ses enfants. Les enfants ont faim, mais en emmenant leur vache au pâturage, ils se mettent à la téter. Non seulement ils sont rassasiés, mais ils prennent de belles couleurs et respirent la santé. La marâtre est perplexe : comment ces enfants qu'elle affame peuvent-ils être aussi épanouis, alors que son fils et sa fille, qu'elle gâte, sont chétifs ? Elle ne cesse de les gaver, mais ils maigrissent de jour en jour et ne grandissent pas. Un jour, elle dit à ses enfants. — suivez Aïcha et Ali, surveillez-les et faites ce qu'ils font ! Les enfants obéissent. Ils suivent discrètement leurs demi-frères qui emmènent leur vache au pâturage. Les deux orphelins, se croyant seuls, se jettent sur les pis de la vache et se mettent à téter. De retour à la maison, les deux enfants font part de ce qui s'est passé à leur mère. — eh bien, leur dit-elle, demain, dès qu'ils auront tété leur vache, demandez-leur de vous laisser faire de même ! Le lendemain, les enfants suivent leurs demi-frères. — aujourd'hui, nous allons faire comme vous ! — nous allons emmener notre vache au pâturage ! — nous venons avec vous ! Aïcha et Ali, qui ignorent les intentions de leur marâtre, font comme d'habitude. Ils s'agenouillent devant leur vache et se mettent à la téter. Dès qu'ils se relèvent, leurs demi-frères avancent. — nous voulons faire comme vous ! Ils s'agenouillent, mais la vache s'éloigne et se met à ruer. — elle ne veut pas de nous ! Aïcha et Ali tentent d'amadouer la vache, mais elle ne veut rien entendre : elle ne veut pas que les enfants la tètent ! (à suivre...)