Constat n A chaque fois qu'il pleut – et même les rares fois qu'il pleut – c'est le même spectacle désolant dans nos villes et dans nos campagnes. Les avaloirs sont bouchés, les regards ne servent plus à rien, les égouts sont éclatés. Les rues sont littéralement transformées en gadoue où tout le monde patauge. Les caves d'immeubles sont naturellement inondées ainsi d'ailleurs que les cages d'escalier. Le vieux bâti tremble à la moindre averse et de nombreuses familles préfèrent quitter leur domicile avec armes et bagages pour se réfugier ailleurs… et ailleurs c'est souvent la rue. Et nous ne parlons pas des affaissements de terrain qui font, invariablement, des morts et des blessés surtout quand les bicoques sont construites sur une terre argileuse à flanc de montagne. Des quartiers entiers sont parfois isolés d'abord parce que leur accès est impraticable et ensuite parce que aucun moyen de locomotion ou de traction ne veut s'y aventurer. Quand les pluies sont accompagnées de vents violents, ce sont carrément des poteaux électriques qui sont arrachés en ville ce qui signifie souvent coupure de courant et, par voie de conséquence, coupure d'eau puisque les pompes ne peuvent plus rien refouler. Sur certains tronçons, pas de routes nationales, les crues sont tellement fortes que les véhicules légers – leur moteur étant noyé – sont paralysés en rase campagne,. C'est dans ces moments-là que les services de dépannage qui sont tous aux mains du privé, font leur plus beau chiffre d'affaires de l'année. Au point que leur standard explose souvent et qu'ils ne peuvent répondre à tous les appels. Au lieu d'être une bénédiction dans un pays qui connaît depuis dix ans la plus sévère sécheresse qui l'ait jamais frappé, ces eaux abondantes sont aujourd'hui perçues comme un cauchemar. Prenons l'exemple du sud où les ressources hydriques sont parcimonieusement distribuées : Béchar et Ghardaïa. Le manque d'infrastructure de retenue comme les retenues collinaires et les barrages auraient pu diviser la catastrophe en deux, ou tout au plus considérablement l'atténuer. Au lieu de cela, le bilan enregistré reste très lourd. Des dizaines de morts noyés ou emportés par les eaux dans le M'zab, des dizaines de disparus aussi. 335 hectares de palmiers détruits dans la Saoura et une bonne partie du cheptel décimé. Et parce qu'elle a été isolée du reste du monde pendant 12 heures, la ville ne tardera pas à connaître la plus perverse valse des prix qui lui ait été donnée de voir. La pomme de terre a été proposée à 65 DA le kilo, la tomate à 120 DA, quant aux viandes elles sont restées tout simplement inaccessibles.Pour l'anecdote, même la viande cameline pourtant demandée dans ces contrées, a disparu des étals… Et quand les eaux se retirent, que la pluie cesse et que les oueds commencent leur décrue, d'autres problèmes se posent et viennent encore compliquer une situation déjà fort complexe. Qui parmi les sinistrés doit-on indemniser ? Comment ? et par quel procédé s'il n'est pas normalement assuré ? Quelle portion de commune ou de wilaya doit être déclarée zone sinistrée ? Et en fonction de quels critères ? Bref, une inondation… en cache toujours une autre…