Apport n Grâce aux dernières pluies qui ont fait malheureusement de nombreuses victimes à l'est, à l'ouest comme au sud du pays – à Ghardaïa tout particulièrement et Béchar – nos barrages sont quasiment pleins. Commençons, pour l'exemple, par la wilaya de Tlemcen, qui a globalement souffert de ces inondations. Selon les dernières données statistiques en notre possession, la wilaya aurait bénéficié en quelques jours de grosses averses d'un volume de 23 millions de mètres cubes d'eau. Dans le détail, ces augmentations qui ont été parfaitement réparties par Dame Nature se répartissent comme suit : le barrage du Fergoug a emmagasiné, à lui seul, près de 14 millions de mètres cubes alors que celui de Beni Chougrane emmagasinait 4 millions de mètres cubes. La retenue de l'oued Sekkal a eu, pour sa part, un apport supplémentaire de 3 millions de mètres cubes. Le reste des retenues ne dépasse pas 1 million de mètres cubes d'apport. Si nous insistons sur ces détails qui sont loin d'être anodins, c'est parce que l'excuse perpétuellement renouvelée de la sécheresse chronique n'a plus lieu d'être, mieux elle ne peut, en aucun cas, servir aujourd'hui de prétexte. Un dernier détail pour clore le chapitre : il a tellement plu dans la wilaya de Mascara que les barrages ont littéralement libéré leurs eaux depuis l'indépendance, soit depuis plus de 50 ans. C'est du jamais vu si l'on en croit les riverains du périmètre et les fellahs de la proximité. Ce qui signifie que la nappe phréatique s'est largement bonifiée, qu'elle s'est régénérée et donc ressourcée apparemment plus qu'il n'en faut. Nous ne savons pas avec précision quel volume d'eau s'est bêtement évaporé, quel autre a pris la direction de la mer et enfin quel est le rapport réel entre la quantité d'eau retenue et désormais apprivoisée et celle qui ne l'a pas été faute d'infrastructures suffisantes pour le faire. C'est important, c'est même vital pour les prochains programmes de développement hydro-agricoles. Au-delà de la peur qu'elles soulèvent et des dégâts qu'elles provoquent, ces inondations, désormais cycliques dans notre pays, posent trois problèmes essentiels qu'il est temps de régler. Premièrement, le manque ou plutôt l'absence de barrages et de retenues suffisantes capables d'emmagasiner au moins 50% des pluies. Et par la même occasion, le désenclavement de certains d'entre eux nous paraît pour le moins souhaitable. Prétendre comme on l'entend souvent que le desenvasement d'un barrage est aussi coûteux que la construction d'un nouveau est une vue de l'esprit et une solution de facilité. Deuxièmement, la révision de fond en comble des canaux urbains d'écoulement des eaux est aujourd'hui une priorité. Il n'y a pas une ville ou un village dans notre pays qui ne s'embourbe à la moindre pluie. Et ces averses, qui devraient être en principe une bénédiction pour les populations, se transforment alors en véritables cauchemars avec les dégâts que l'on sait. Il serait peut-être opportun de revoir l'état de nos voiries, de se pencher sérieusement sur le vieux bâti et les constructions anarchiques qui soulèvent plus de problèmes qu'ils n'en résolvent. Troisièmement, les plans Orsec devraient être réactualisés. Aussi loin que remontent nos mémoires, nous n'avons jamais assisté à des simulations de catastrophes pour tester, grandeur nature, ces plans. Nous avons la pénible impression que ces plans dorment au fond d'un terroir et qu'en cas de calamité on pare au plus pressé. Espérons que ce n'est qu'une impression. Mais au-delà de toutes ces considérations, une chose est sûre d'avance : il y a assez d'eau aujourd'hui, au sud du pays comme à l'ouest pour que l'eau coule tous les jours, ou tous les deux jours dans tous les robinets. … L'hiver n'a pas encore commencé.