La protection des ressources hydriques devient vitale. La presse a répercuté, ces dernières semaines, les informations sur l'amélioration du niveau des réserves des barrages qui a touché l'est, l'ouest et le centre du pays. Mais une lecture plus fouillée du communiqué de l'Agence nationale des barrages montre une situation beaucoup plus compliquée. Il apparaît qu'il y a de l'eau dans les barrages, peu dans les robinets. En effet, à l'examen du niveau des ressources accumulées dans les barrages dans les zones considérées comme des points noirs, Souk-Ahras Tébessa, Annaba, Skikda, il en ressort une tout autre vérité. Commençons par les wilayas de Annaba et d'El-Tarf. Dans ces zones se trouvent deux barrages qui accumulent au total plus de 170 millions de m3 : Cheffia (124 millions de m3) et Mexa (47 millions de m3). Or, Annaba continue de vivre le calvaire avec une distribution de un jour sur trois. “Les travaux d'adduction ne sont pas encore achevés. Ils durent depuis trois ans”, nous explique-t-on. Autre exemple : le barrage de oued Cherf, situé dans la wilaya de Souk-Ahras, qui affiche 133 millions de m3, mais ne profite pas à la population. Pour une histoire d'adduction. Il est question toutefois d'un projet d'interconnexion pour rentabiliser l'ouvrage. Même topo à Skikda. Les barrages de Zit Emba et de Béni Zid accumulent 95 millions de m3, mais sans impact. Il faudra attendre la fin du premier trimestre, voire la fin du premier semestre 2003, pour que le projet d'interconnexion entre les barrages de Skikda soit bouclé et l'alimentation en eau potable nettement améliorée. Au Centre, le barrage de Taksebt accumule 46 millions de m3. Mais sans effet, pour la même histoire. C'est au cours de cette année que les travaux d'adduction seront lancés pour acheminer l'eau de cet ouvrage vers les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès et Alger. Le barrage de Béni Amrane, d'une capacité de 45 millions de m3, ne peut recueillir que 6 millions de m3 en raison de son envasement. Cette situation a fait que 80 millions de m3 se sont jetés dans la mer au lieu d'être déversés vers Keddara. Ce qui aurait ramené aujourd'hui la distribution de l'eau potable à Alger à, au moins, un jour sur deux. À l'Ouest, les barrages de Gargar et de Hammam Boughrara ne sont pas suffisamment exploités. Le premier recèle 267 millions de m3. Seuls 40 000 m3/jour sont acheminés vers Oran. Le second ouvrage qui était initialement destiné à alimenter la ville d'Oran souffre du même problème. Il recèle 41 millions de m3. Mais sans grande utilité. Puisque les travaux d'adduction vers Maghnia et Oran ne sont pas encore lancés. Moralité de l'histoire : pour des problèmes de programmation, la population algérienne à 70% n'a de l'eau qu'un jour sur trois, voire un jour sur quatre. Ce n'est pas dû aux actuels gestionnaires du secteur, le premier responsable du département et le directeur général de l'ANB, qui ne sont là que depuis quelque temps. Le second a réussi en un temps record, avec le concours de cadres du secteur et le travail de sociétés comme GCB, à éviter la catastrophe à Alger au cours du second semestre de l'année dernière avec la réception dans des délais courts du projet d'interconnexion. Les performances de ces responsables seront jugées plus tard à l'aune de leurs résultats. La situation actuelle est donc le résultat d'une gestion catastrophique du secteur au cours de la décennie 90. Aujourd'hui, ce serait leurrer l'opinion publique que de cacher cette mauvaise gestion, que d'occulter le fait que l'Algérie n'est pas encore sortie de l'auberge. Il reste à gérer de façon efficiente la distribution de l'eau, aujourd'hui aléatoire, à réduire le phénomène des fuites, à protéger la ressource disponible contre la pollution et l'envasement des barrages. N. R. RESSOURCES HYDRIQUES Le seuil des 40% dépassé Les 48 barrages que compte le pays ont emmagasiné, au 18 janvier, un volume global de 1,82 milliard de m3, soit un taux de remplissage général de 40,8%, indique l'Agence nationale des barrages (ANB), dans un communiqué publié hier. Selon la même source, les fortes pluies qui ont marqué la semaine passée ont apporté, à elles seules, des volumes supplémentaires de 174,5 millions de m3 en quatre jours, un appoint considérable correspondant à un peu moins de 10% des réserves totales accumulées à ce jour. Le taux général de remplissage des barrages se révèle, au fil des précipitations, plus ou moins bien réparti entre les différentes régions à 37,66% pour l'Ouest, 32,30% pour le bassin du Cheliff, 29,74% autour de la capitale et 40,79% pour les régions Est. En revanche, des disparités significatives sont relevées entre les régions pour ce qui est des quantités emmagasinées. Au 18 janvier, les 14 barrages des régions Ouest renfermaient 625 millions de m3 contre 728 millions dans les 17 barrages de l'est du pays, 277 millions pour les 9 ouvrages du Cheliff et 195 millions de m3 dans les 9 barrages des régions Centre.