Résumé de la 9e partie n Jason finit par avouer à sa sœur qu'il travaillait pour une organisation privée qui, elle aussi, combat le crime... Ce que je fais n'a rien à voir, et ça reste dans les limites de l'acceptable, a-t-elle dit. Tu as du sang sur les mains, Jason, du sang sur les mains ! — Tu n'as pas idée de ce qu'on peut faire avec de l'eau et du savon. Elle a posé son gobelet de café sur le siège. — Bon. Ecoute. Écoute bien. Je ne veux pas savoir ce que tu as fichu en Californie, à qui tu as fait du mal, etc. Tout ce que j'ai à te dire, c'est de laisser tout ça là-bas. Ne viens pas faire, ce genre de blagues ici, dans ma ville ou dans mon État. Maintenant je comprenais. — C'était donc pour ça, la petite balade nocturne. Il ne s'agissait pas de se retrouver entre frère et sœur. Ni de me montrer en quoi consistait ton travail. Mais seulement de me donner un avertissement - exact ? Elle ne voulait pas me regarder. — Je me débrouille bien, pour la première fois de ma vie. Je me débrouille toute seule et ça marche pour moi dans la police et, si tout va bien, je pourrai passer inspecteur l'année prochaine. Ma voie est toute tracée, et je n'ai pas besoin qu'on y mette des obstacles. — On m'avait déjà appelé de toutes sortes de noms, mais d'obstacle, jamais. — Il faudra t'y faire. J'ai un bon avenir devant moi et je ne veux pas que le mouton noir de la famille me le gâche. A cet instant, j'étais prêt à descendre de voiture pour retourner au commissariat puis chez moi, mais la radio s'est mise à crépiter, une bagarre avait éclaté dans un bar et un flic avait besoin de renfort, et on a giclé hors du parking si brusquement que le café de Lynn s'est renversé sur le siège. C'était un bar en bordure de la route à l'autre bout de la ville, et je me suis cramponné à la poignée de la portière, les deux pieds au plancher et les jambes raides pour me caler au dossier tandis qu'on fonçait pour répondre à l'appel, toutes lumières allumées et la sirène hurlante. J'ai jeté un coup d'œil au compteur de vitesse et j'ai vu qu'on faisait du 170, et je ne l'ai plus regardé. Il m'était arrivé bien des fois d'avoir peur, mais dans des circonstances où c'était moi qui agissais et où je pouvais tenter quelque chose. Là, je ne pouvais rien faire du tout. J'étais un simple passager. Aussi, plutôt que de m'hypnotiser sur le compteur de vitesse, j'ai regardé Lynn, et elle avait l'air d'une possédée, tendue, électrisée et faisant corps avec la voiture. Avec d'imperceptibles mouvements du poignet, elle évitait les voitures et les camions-poubelles qui s'écartaient à notre approche. On filait maintenant à la vitesse de la lumière sur la Route I et je sentais la voiture décoller du bitume en enchaînant les virages. Je m'apprêtais à dire quelque chose, mais je décidai de la fermer. Premièrement, ça n'aurait pas été poli. Deuxièmement, elle faisait son métier. Et troisièmement, j'avais une peur mortelle qu'un mot de moi ne la distraie, et que la voiture ne s'envole pour s'entortiller autour d'un arbre.