Ce n'est certainement pas derrière le gain que ces personnes âgées courent. Elles cherchent plutôt à sauvegarder leur dignité jusqu'à ce que leur âme soit rappelée à Dieu. «Certains estiment que nous faisons du commerce en vendant ces petits objets. Il y en a même qui me demandent de leur vendre à crédit, croyant que je gagne beaucoup…», s'exclame un vendeur de mouchoirs en papier devant l'enceinte de l'Ecole supérieure de commerce, à Alger. Ce dernier, la soixantaine, se lève, selon ses dires, quotidiennement à cinq heures du matin et commence à proposer sa marchandise aux passagers matinaux une demi-heure plus tard. Un sachet noir en plastique plein de mouchoirs accroché à son bras décharné, il se met à crier : «Dix dinars le paquet !» des heures durant. Qu'il pleuve ou qu'il vente, cet homme est toujours fidèle à son «poste». Les passants se sont habitués à sa présence quotidienne sur les lieux au point que certains ont sympathisé avec lui et, par conséquent, sont devenus de fidèles clients. C'est grâce au volume des ventes, dit-il, qu'il arrive à gagner ce qui lui permettra de garantir les repas de la journée. Et à chaque jour suffit sa peine… Notre interlocuteur n'est pas le seul à se contenter de quelques sous pour assurer sa survie. Toutes les personnes âgées se trouvant dans la même situation, interrogées à ce sujet, se sont montrées fières et frugales. Elles ne veulent ni tendre la main, ni aller vivre dans les maisons de solidarité mises en place par les pouvoirs publics. «Il n'est pas question de supplier les autres pour vivre. Le Prophète Mohammad (QSSSL) ne disait-il pas que la mendicité était maudite en islam ?», résume, avec sagesse, un homme qui tient une table de cigarettes à la place des martyrs, Alger. La dignité, pour ces personnes-là, n'a pas de prix.