Constat n L'apparition des écoles privées a mis en lumière le fait que l'école publique répond de moins en moins aux ambitions des parents généralement issus de milieux privilégiés. Comme anticipé par les observateurs, les établissements privés sont de plus en plus sollicités par ces catégories réclamant leurs droits à la différence. Ce qui, d'ailleurs, n'étonne pas les sociologues qui parlent d'une période de reproduction. «On a fonctionné pendant des décennies avec un mode de production gérée par l'administration publique avant que le problème de différenciation ne surgisse», explique M. Nacer Djabi, sociologue et enseignant à la faculté de Bouzaréah. Les institutions publiques à l'image de l'école n'ont, selon lui, «plus la même proximité avec toutes les couches sociales. Celles qui choisissent l'école privée veulent avoir leurs propres productions». La population dans sa globalité reste optimiste et moins négative à l'égard de l'école publique, rappelle-t-il, toutefois. Il s'agit notamment de celle qui a profité de cette école et qui n'a comme capital que le diplôme de ses enfants. Pour le sociologue, spécialiste à l'origine en sociologie politique, l'école publique ne travaille plus comme «ascenseur» assurant la mobilité sociale sur le plan poste d'emploi et production. Cela explique en partie le scepticisme de certaines couches sociales quant à la réussite et la performance des établissements publics. M. Djabi insiste sur la nécessité de comprendre l'origine de cet engouement pour les écoles privées de la part de la classe privilégiée et même moyenne. «Ce sont des couches citadines ouvertes sur le monde. Elles occupent des postes clés dans la société. L'école publique ne leur assure plus leur reproduction du fait que l'enseignement est dispensé en arabe et peu performant. Elles sont à la recherche constante de la différenciation», estime notre interlocuteur. Elles ambitionnent de se «reproduire comme couches dominantes socialement et culturellement. Elles ont une vision plus claire du rôle de l'école, de la différenciation et du modèle à reproduire», a-t-il ajouté. Évidemment, l'école publique est, dans ce cas de figure, incapable d'assurer à cette frange de la société la démarcation qu'elle souhaite Elle a été, de ce fait, contrainte de se tourner vers le système scolaire parallèle. Toujours à l'état embryonnaire, celui-ci peine, selon M. Djabi, à prouver qu'il est meilleur. Notre sociologue répète à l'envi que ce «n'est pas net en termes de niveau. On n'est pas sûr que l'école privée produise la qualité. En tout cas le produit global n'est pas qualitativement meilleur». Il recommande à cet effet d'établir des études sur une longue période pour éviter de condamner cette expérience. Celle-ci n'a, au jour d'aujourd'hui, prouvé ni son efficacité ni son échec.