Constatations Prétendre, comme le font certains, que les dernières décisions prises par le chef de l'Etat libyen sont des conséquences de la guerre en Irak est absurde. Selon les analystes, le fondement de ces décisions a été posé en 1999 déjà, bien longtemps avant que «Bush le guerrier» n'occupe la Maison-Blanche. C'est en effet à cette époque-là que Tripoli a commencé à reconnaître ses responsabilités dans les actions terroristes du passé. Londres avait alors récompensé cette politique par la reprise des relations diplomatiques. Apparemment, le colonel Kadhafi a compris, à cette occasion, que terrorisme et armes de destruction massive ne lui apportaient rien d'autre qu'ostracisme international et ruine économique. Dans le même sens, ces analystes qualifient le colonel Kadhafi de Protée arabe. Il s'agit là, apparemment, de la dernière volte-face dans une vie politique marquée par de nombreux changements de cap. Mouammar Kadhafi, guide de la Révolution libyenne, renonce désormais à la fabrication d'armes de destruction massive et se rapproche, à grandes enjambées de bottes de sept lieues, de l'Occident, l'ennemi juré d'autrefois. Selon eux, certaines mauvaises langues n'ont, peut-être, pas tellement tort lorsqu'elles affirment que le rêve secret du «bouillant colonel» serait d'être reçu un jour en grande pompe à la Maison-Blanche, un rêve qui pourrait devenir réalité. Le journal allemand La Frankfurter Rundschau va plus loin dans ses critiques. Sous le titre : «Le jeu de poker de Kadhafi», le journal estime que le chef de l'Etat libyen a toujours été un frimeur. S'il avoue sans y être obligé l'existence d'un projet nucléaire interdit, c'est qu'il espère en tirer quelque chose. Depuis que ce «fils du désert» a cessé de partir en guerre contre l'impérialisme à la fin des années 1980, les USA eux-mêmes le considèrent comme inoffensif, la Libye n'a même pas été classée dans la liste des «Etats voyous» de George Bush junior. Pour le journal allemand, la fin de l'embargo commercial édicté par les Etats-Unis rend service aux trois larrons de l'histoire : Blair et Bush, qui ont un besoin urgent de victoires contre le terrorisme international, et Kadhafi, à qui il ne coûte rien de renoncer à un arsenal fictif. Et un beau bluff, voilà qui est parfait pour présenter au monde un «nouveau Kadhafi».