Suspense Le conclave d?aujourd?hui est qualifié «d?historique» par ses initiateurs. Dix «grosses cylindrées» de la classe politique ?toutes tendances confondues ? se réunissent aujourd?hui, dans un deuxième conclave après celui d?hier, dans la demeure de Rachid Benyellès, général à la retraite et candidat à la présidentielle 2004. Mot d?ordre : «Constituer un front uni contre la fraude.» Cette mesure, qui prend tout de suite l?allure d?une contre-attaque, intervient dans une situation de tumulte politique pour le moins haletant : à l?embrouillamini FLN-FLN redresseurs sont venus se greffer des épisodes qui n?ont laissé personne indifférent, tant au niveau des états-majors des partis politiques qu?au niveau de l?armée dont la neutralité n?est aucunement assimilée à passivité. Ces épisodes ont pour nom : renouvellement du tiers présidentiel du Sénat, reconduction des discussions Gouvernement-Archs, retrait des fiches de souscriptions et tirs nourris contre Zerhouni qualifié, par ses instigateurs, comme étant «l?architecte de la fraude»? Cinq anciens Chefs de gouvernement, deux chefs de partis politique, un représentant d?une formation politique et un militant influent des droits de l?Homme, un petit microcosme, certes hétéroclite mais assez représentatif pour faire de ce rendez-vous, un tournant décisif à quelques encablures seulement de l?échéance électorale d?avril prochain. Outre Rachid Benyellès, Mouloud Hamrouche, Ahmed Benbitour, Ali Benflis, Sid Ahmed Ghozali, Mokdad Sifi, Saïd Sadi, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdenour et Ahmed Dane qui n?est autre que le représentant du MSP, feront, en ce 11 janvier qui rappelle un mémorable 11 janvier 1992, date de l?arrêt du processus électoral, bloc contre «les velléités d?un candidat qui met l?administration à ses pieds pour s?assurer le sacre final au mépris du jeu démocratique», allusion à Abdelaziz Bouteflika, actuellement en pré-campagne à Tindouf et à Béchar, deux étapes de son interminable périple. Ainsi élargi, le front anti-Bouteflika se veut une man?uvre de contre-attaque qui, de toute façon, ne laissera pas sans réaction l?armée même si ses premiers responsables ont tout le temps évoqué la «neutralité» de l?institution militaire. Donnant le la, les «dix» parlent ouvertement de réunion «historique», mais refusent tout de même de divulguer, avant le conclave, toute bribe d?information laissant l?opinion nationale dans l?expectative. Mais en tout état de cause, la réunion de cet après-midi se veut un tournant décisif puisque ses acteurs entendent initier une «charte consensuelle» et imposer une solution tangible au «diktat personnel» de Bouteflika. Seulement parmi la panoplie des solutions, il y en a une qui nous oblige à remonter le temps : à l?époque, il était six. Aujourd?hui, ils sont dix et plus peut- être et un autre retrait de la course de leur part demeure une éventualité à ne pas écarter. Le parallèle entre les deux dates ne s?arrête pas uniquement à ce fait car entre 1999 et 2004, les choses ont-elles effectivement changé ?