Aubaine n La chute des prix des matériaux de construction, induite par la crise financière mondiale, fait le bonheur des autoconstructeurs qui en profitent pour constituer des stocks. Ces petits constructeurs aux faibles ressources défilent, en effet, chez les revendeurs de matériaux de construction où le prix du rond à béton oscille actuellement entre 5 200 et 5 700 DA le quintal, après avoir frôlé les 11 000 DA l'été dernier. Le constat, qui est vraisemblablement le même partout en Algérie, peut être vérifié, dans la wilaya de Tizi Ouzou, sur la RN 12, à hauteur des localités d'Oued Aïssi et de Tamda, où les dépôts de vente, qui y prolifèrent, accueillent une clientèle «inhabituelle» en cette période hivernale durant laquelle la construction par les particuliers est généralement en «berne», selon un revendeur. Selon lui, les clients, craignant une nouvelle hausse du rond à béton (RAB), se dépêchent d'acheter ce matériau – indispensable dans la construction et qu'ils avaient l'habitude de payer rubis sur l'ongle – pour le stocker. Rencontré en ce lieu, alors qu'il procédait au chargement sur un camion de plusieurs quintaux de RAB, Saïd, un agent de service dans une administration locale, est tout «content» de pouvoir profiter de cette baisse «"providentielle» qui lui permet d'acheter une fois pour toutes la quantité de fer dont il a besoin pour l'achèvement de sa construction, à l'arrêt depuis l'été dernier. «Les prix des matériaux étaient tellement élevés que la subvention de l'Etat dans le cadre de l'habitat rural aurait à peine suffi à combler un quart de mes besoins», a-t-il indiqué, soulignant que par souci d'économie, il procède toujours à l'achat des matériaux non dégradables, qu'il stocke avant de réaliser quelques travaux, le plus souvent en été, durant son congé. «Mes ressources ne me permettant pas d'achever d'un trait ma construction, je profite toujours des baisses pour constituer des stocks pour relancer à chaque fois les travaux à la belle saison», a-t-il précisé, louant cette crise qui lui permet d'acheter tout le rond à béton dont il a besoin et d'achever sa bâtisse, dont la construction traîne en «longueur», se languit-il. Parfois, il se surprend même, alors qu'il ne comprend rien à l'économie et de surcroît aux tenants et aboutissants de la crise mondiale, à faire des conjectures sur son impact sur les autres matériaux de construction, sur le ciment particulièrement, maintenant que le rond à béton n'est plus un souci pour lui, priant pour la «survenue» également d'une baisse substantielle du prix de ce matériau qui «ferait grandement son affaire», avoue-t-il. Chez les revendeurs, en revanche, surtout ceux détenant d'importants stocks issus de l'été dernier, on croise les doigts pour une remontée rapide des prix qui leur épargnera des pertes assez conséquentes. Aussi suivent-ils avec beaucoup d'angoisse les cours des matériaux sur le marché local, avec cependant une oreille beaucoup plus attentive au marché mondial où sont déterminés les prix. Ils savent que la production locale en rond à béton, à titre d'exemple, ne couvre que 20% des besoins nationaux. Cette fluctuation des prix au niveau mondial est ainsi répercutée sur le marché local, où le prix pratiqué est rarement le même l'espace de deux journées consécutives.