La crise financière mondiale fait actuellement le bonheur des autoconstructeurs. Ces derniers profitent de l'occasion de la chute des prix des matériaux de construction pour faire le stock de rond à béton (RAB). Ces petits constructeurs, aux faibles ressources, qui se recrutent notamment chez les bénéficiaires de l'aide de l'Etat à l'autoconstrution en milieu rural, défilent en effet chez les revendeurs de matériaux, où le prix de rond à béton oscille actuellement entre 5 200 et 5 700 DA le quintal, après avoir frôlé les 11 000 DA, l'été dernier. Selon les explications d'un revendeur, les clients craignent une nouvelle hausse du rond à béton, ce matériau indispensable dans la construction, payé habituellement très cher, c'est pourquoi ils se dépêchent pour faire le stock. Avant d'ajouter qu'il est facile de vérifier ses dires, il suffit d'aller dans la wilaya de Tizi- Ouzou, sur la RN 12, à hauteur des localités de Oued Aissi et de Tamda, où les dépôts de vente qui y prolifèrent, accueillent une clientèle "inhabituelle" en cette période hivernale, durant laquelle la construction par les particuliers est généralement en "berne". Parmi les clients rencontrés dans ce lieu, Saïd, un agent de service dans une administration locale était tout "content" de pouvoir profiter de cette baisse "providentielle", qui lui permet d'acheter une fois pour toutes la quantité de fer dont il a besoin pour l'achèvement de sa construction, à l'arrêt depuis l'été dernier. Avant d'ajouter que l'aide de 700 000 DA que lui a octroyée l'Etat il n'aurait comblé que le quart de ses besoins. Il est évident que les clients suivent, eux aussi au jour le jour et avec beaucoup d'angoisse, les cours des matériaux sur le marché local, avec cependant une oreille beaucoup plus attentive au marché mondial, où sont déterminés les prix. Ils savent en effet que la production locale en rond à béton, à titre d'exemple, ne couvre que 20% des besoins nationaux. Cette fluctuation des prix au niveau mondial est ainsi répercutée sur le marché local, où le prix pratiqué n'est rarement le même en l'espace de deux journées. C'est pourquoi une consigne stricte est donnée à tous les manutentionnaires des dépôts de vente de ne pas divulguer les prix des matériaux qui sont fixés chaque matin par le patron qui, à l'écoute du marché, ne manquera pas de répercuter d'éventuelles hausses des prix, à l'inverse du consommateur qui, lui aussi, se tient quotidiennement informé des prix du marché pour faire de bonnes affaires.