Regain n Depuis quelques années, la Kabylie connaît une hausse vertigineuse du nombre de kidnappings. Dans cette région, le nombre mensuel de rapts suivis de rançons, est passé d'une moyenne de 6 à 12 à un taux de 20 à 25 en quelques années seulement. Les régions les plus touchées restent Boumerdès et Tizi Ouzou qui enregistrent une moyenne de 15 kidnappings par mois : 5 pour Boumerdès et 10 pour Tizi Ouzou. Ces kidnappings sont souvent déclarés comme étant l'œuvre surtout des groupes terroristes dans le but de collecter de l'argent. Mais pourquoi spécialement cette région alors que le terrorisme est toujours actif dans d'autres régions d'Algérie ? Depuis le début de ce phénomène, beaucoup d'observateurs avancent trois facteurs qui ont contribué à son évolution rapide dans la région. Le premier est la situation d'insécurité qui règne depuis 2001 en Kabylie. Les groupes armés dressent des faux barrages en toute quiétude sur certains axes routiers hors des zones urbaines, et dès qu'ils tombent sur des personnes aisées financièrement, comme les commerçants, les hommes d'affaires ou les industriels, ils n'hésitent pas à les séquestrer et à monnayer leur libération. Des sommes colossales ont été collectées grâce à ces pratiques. Les montants exigés sont rarement en dessous de un milliard de centimes et peuvent parfois atteindre les 5 milliards de centimes. C'est selon l'aisance financière de la victime ou de sa famille. Cette «sélection» s'explique par le fait qu'ils travaillent étroitement avec des individus issus de la région qui leur fournissent des renseignements quant à l'identité et la situation financière de leurs otages. Le deuxième élément est lié au fait que la région est caractérisée par une topographie et des reliefs très accidentés (forêts, vallées, montagnes, caches naturelles…). Ces refuges naturels facilitent la séquestration des personnes enlevées et offrent un abri sûr à leurs ravisseurs. Ces lieux leur offrent aussi la possibilité d'observer les personnes qui veulent négocier et les aident à prendre leurs précautions en cas d'intervention des services de sécurité qui pourraient leur tendre des embuscades. Le troisième élément, selon les observateurs, c'est la volonté des groupes terroristes de faire plier la population qui refuse de payer l'impôt qu'ils ont imposé, notamment aux agriculteurs et aux commerçants. L'enlèvement suivi d'une demande de rançon constitue donc la meilleure façon d'obliger les gens à payer…