Livre n Cherif Kheddam ou l'amour de l'art est l'intitulé de l'ouvrage, un essai, écrit par Tassadit Yacine et paru aux éditions Alpha. Ce livre, une anthologie, s'organise comme un recueil de poèmes : il nous renseigne, dans un premier temps, sur la vie et l'itinéraire artistique de Cherif Kheddam, puis, dans un deuxième temps, il nous retrace l'œuvre poétique de ce dernier – ses chansons qui sont des poèmes, sont reprises en kabyle et traduites en français. S'attardant sur le portrait de l'artiste, l'auteur, Tassadit Yacine, décrit, ici, Cherif Kheddam comme «un chanteur poète» qui, comme les chanteurs connus l'ayant précédé, à savoir Cheikh El-Hasnaoui ou Slimane Azem, «compte désormais parmi les grands chanteurs de l'émigration, porteur de la mémoire collective qui ont contribué depuis l'exil à transformer leur société», écrit l'auteur. Ainsi, Cherif Kheddam s'inscrit, comme d'ailleurs ses prédécesseurs, dans cette lignée de chanteurs qui ont connu et vécu les affres l'exil, vu son itinéraire sinueux, parcours lui ayant fait traverser les phases violentes de l'histoire moderne. Les conditions difficiles de l'exil ont poussé Cherif Kheddam, encore jeune et pétri de rêves au repli sur soi et à la créativité artistique : ouvrier, il devient chanteur compositeur passionné de musique orientale, moderne, ainsi que des grands classiques occidentaux. De cette ouverture d'esprit, de cette passion et de cet intérêt pour tout genre musical, Cherif Kheddam, qui, ouvert à l'universel, se voulant en même temps inspiré et novateur, a conféré, en s'écartant des sentiers battus, à la musique algérienne et kabyle en particulier une nouvelle personnalité, une identité musicale nouvelle et contemporaine. Tassadit Yacine présente alors Cherif Kheddam comme chanteur poète, puisqu'il en est un, mais aussi comme ‘un chanteur d'avant-garde», car découvrant – en passant des chansons de son pays – la musique universelle, orientale et occidentale, classique et moderne, Cherif Kheddam s'est engagé dans la création d'une musique propre – le poète renouvelle alors le champ musical algérien, il rajeunit notamment la chanson kabyle. En modernisant la musique kabyle, Cherif Kheddam demeure toutefois attaché et rattaché à sa culture maternelle à travers laquelle s'affirment la culture populaire algérienne et, en son sein, la culture kabyle.