Calvaire n Les inondations, ayant suivi les pluies diluviennes enregistrées ces derniers jours, ont tourné au cauchemar pour les cinq cent vingt familles de ce bidonville. Face à la montée des eaux boueuses, des hommes, des femmes et des enfants, dont beaucoup sont malades et livrés à eux-mêmes, ont exprimé, hier, leur sentiment : un mélange de souffrance et de colère aiguisé par l'indifférence dont ils sont l'objet. Seuls le vice-président de l'APC, M. Chebab, et les gendarmes étaient sur les lieux pour constater les dégâts causés par ces inondations. M. Chebab dira que l'APC de Bordj El-kiffen a attiré l'attention des autorités, dont le wali délégué de Dar El-Beïda et le wali d'Alger, quant à la situation des sinistrés. Une chose est sûre, la situation dramatique dont laquelle se trouvent ces habitants ne semble pas émouvoir ceux qui ont la charge de veiller sur le bien-être des citoyens. Pour sa part, cet élu a précisé qu'il ne lui appartient pas de reloger ces familles. «Je les ai recensées et j'ai informé qui de droit, là, s'arrête ma mission», dira le vice-président de l'APC. A qui incombe donc la tâche de mettre fin à la détresse de ces algériens ? Une question qui demeure sans réponse. Un homme d'un âge très avancé, cachant mal sa colère et son amertume, nous dira : «le dernier d'entre nous a vécu ici plus de 10 ans. l'an dernier, nous avons déjà été contraints pour les mêmes raisons (inondations) d'évacuer les lieux pour nous abriter dans une école, ce qui n'était pas une solution, car cela privait les enfants de suivre leurs cours.» «En parallèle, il nous a été fait une promesse : ils nous ont dit que nous serions relogés dans 45 jours ; une promesse non tenue bien sûr et voilà où nous en sommes une année après», a lancé un autre habitant. Un autre sinistré tonnera : «Les députés sont occupés à compter les 30 millions de leur salaire et le président de la république a été mal informé par ceux qui font tout pour casser son programme.» Un père de deux enfants, dont un nourrisson, nous a fait visiter son gourbi inondé d'eau ; tout ce qui restait de ses biens flottait au gré des eaux boueuses mélangées à des eaux usées. Selon ce père de famille, les réseaux d'évacuation des eaux usées étant bouchés et plus d'un millier de personnes livrées à elles-mêmes ont dû passer une nuit cauchemardesque. La pluie, qui est normalement signe d'opulence et d'abondance, est devenue pour ces pauvres gens et pour tous les mal logés une terreur effroyable et un danger pour leurs enfants qui, non seulement ne peuvent pas aller à l'école, mais en plus attrapent des maladies, parfois graves.