Les écoliers ont été renvoyés par la direction sous prétexte qu'ils portaient des chaussures boueuses. Les pluies enregistrées durant la nuit de samedi à dimanche, à Alger, ont provoqué des crues au niveau de l'oued Ouchayeh dans la circonscription de Hussein Dey, a-t-on appris sur place auprès des témoins. Ces eaux en furie ont causé des dégâts de moindre importance pour une dizaine d'habitations construites sur les rives de l'oued, nous a-t-on informés. Les autres, des baraques pour la majorité, étaient inondées par les eaux diluviennes et la boue. La population de ce quartier a vécu une nuit cauchemardesque et tout le monde avait en tête le spectre d'un certain 11 novembre 2001 qui a endeuillé les habitants de Bab El Oued et d'un 1er octobre 2008 qui a attristé de région de Ghardaïa. «C'était vraiment horrible», a confié un témoin oculaire. Des blocs de pierres arrachés ont été emportés avec des bruits assourdissants par la crue de l'oued. De vastes glissements de terrain étaient également perceptibles. Les eaux boueuses, noirâtres, ont transformé les lieux en paysage apocalyptique. Fort heureusement, le cauchemar n'a pas trop duré et aucune victime humaine n'est enregistrée. A signaler que plusieurs crues se sont produites notamment, ces dernières années. Pour la seule année 2008, pas moins de dix crues d'oueds sont enregistrées. Les crues de l'oued M'zab à Ghardaïa, les inondations survenues à Aïn Torki, près de Aïn Defla à 120km à l'ouest d'Alger, après les crues de l'oued Djemaï, la furie de l'oued N'ssa, près de Ouargla, le débordement des cinq oueds à Béchar, celles de l'oued Lagraâ dans la wilaya de Saïda, le débordement de l'oued T'lia à M'sila, les eaux en furie des oueds Aïn Abid, Sidi Saâd et Z'hiou qui ont envahi la RN23 reliant les villes de Tiaret et Laghouat. C'est dire l'expérience qu'on a acquis en la matière. Mais en a-t-on tiré les bonnes leçons? Ne sommes-nous pas censés maîtriser ce phénomène qui endeuille, à tour de rôle, des régions entières du pays? La question qui s'impose également, est de savoir comment un pays qui a subi plusieurs fois de telles catastrophes n'arrive pas à les anticiper et éviter ainsi les dégâts matériels et pertes humaines? Pour revenir à l'oued Ouchayeh, il convient de signaler que la route singulière menant du bidonville de la ferme Ben-Boulaid à la cité Dallas, a été obstruée par la boue et devenue impraticable. Au niveau de ce bidonville, une trentaine de personnes, jeunes pour la plupart, visiblement en colère, se sont attroupées pour revendiquer la venue des responsables locaux. Le rassemblement est maîtrisé par quelques policiers. Cause de l'attroupement? Les écoliers du primaire situé à quelques encablures ont été renvoyés par la direction car «ils portaient des chaussures boueuses», a-t-on expliqué. Par ailleurs, ces riverains nous ont exposé une panoplie de revendications allant de l'électrification au revêtement de la route en question en passant par la réparation du réseau d'alimentation en eau potable qui est, disent-ils, infiltré par des eaux usées. En outre, les riverains craignent -au rythme où vont les choses, sachant qu'une petite pluie cause une telle anarchie et psychose- d'autres crues plus importantes surtout qu'on est seulement au début de la saison des pluies.