Appel n «Nous avons besoin d'actions concrètes et non pas de stratégie industrielle sous forme de littérature, si on veut relancer la filière», insistent les spécialistes. En dépit d'un potentiel des plus importants en Afrique et de grandes possibilités, notre pays occupe un rang peu enviable, même parmi les pays arabes en matière de production métallurgique et sidérurgique. La production nationale est estimée à seulement 50 000 tonnes (tous produits confondus) par an, loin derrière l'Egypte dont la production dépasse les 500 000 tonnes annuellement. «Avec une telle production, il nous est impossible de mettre en place une industrie performante, sachant que la métallurgie et la sidérurgie constituent l'élément fondamental de toute industrie», déplore M. Agsous, P-DG de la fonderie d'El-Harrach. Pour ce responsable, l'Etat est appelé à «intervenir en accordant des facilités à cette industrie pour, d'abord, une mise à niveau des fonderies existantes et aussi la création de nouvelles entités performantes». Les fonderies actuelles ont besoin, selon les professionnels du secteur, d'un assainissement financier au vu des difficultés auxquelles elles sont confrontées depuis de longues années. La préservation de ces entités, pour la plupart mises en place durant les années 1970 et 1980, nécessite donc le paiement de leurs dettes et une amnistie fiscale. Pour l'ex-P-DG de Sider, Messaoud Chettih, l'Algérie recèle d'énormes possibilités de développer cette industrie qu'il considère stratégique pour le développement économique de notre pays. «L'Algérie est l'un des pays où le coût de l'énergie est des plus bas au monde. C'est ce qui attire les investisseurs dans le domaine de la sidérurgie et de la métallurgie. Le fait que l'Etat essaye de favoriser le privé national pour investir dans le domaine est réconfortant. Mais il doit veiller à assurer une bonne gestion des projets lancés ou qui seront lancés à l'avenir», a-t-il affirmé. Interrogés sur les mesures prises par les pouvoirs publics afin de réhabiliter ce secteur dans le cadre du plan de la «Stratégie industrielle», les responsables de fonderies n'ont pas caché leur déception quant à la non-application des promesses, d'une part, et, d'autre part, aux lourdeurs d'ordre bureaucratique et organisationnel qui continuent à faire avorter toute initiative visant à donner un second souffle au secteur. «Nous n'avons pas besoin de toute une littérature pour développer la sidérurgie et la métallurgie. Il nous faut seulement des actions concrètes initiées en concertation avec les professionnels. Les documents ne servent à rien, si des plans de relance ne sont pas mis en branle», affirme M. Agsous. Le P-DG de la fonderie de Tiaret a bien illustré, pour sa part, les contraintes bureaucratiques. «Pour payer un ingénieur ou expert étranger dont nous avons besoin, il nous faut toute une gymnastique au niveau de la BNA et de la Banque d'Algérie. Les démarches dans ce sens prennent une longue période, ce qui démotive les experts étrangers et paralyse l'activité des fonderies. Il faut en finir avec cette mentalité. Nous avons besoin de faire tourner nos usines et non pas de discours creux», a-t-il dénoncé.