Résumé de la 44e partie n L'affaire Sanders provoque une polémique et surtout un débat sur l'euthanasie aux Etats-Unis. Un débat passionné que rapporte la presse. Au sein même de la famille de Madame Borotto, les avis sont divergents : alors que quelques membres, il est vrai peu nombreux, approuvent l'acte d'euthanasie, d'autres le dénoncent et de façon virulente : — Au nom de quelle morale, le docteur Sanders a-t-il agi ? Si notre parente avait été en mesure de donner son avis, elle n'aurait certainement pas accepté d'être tuée ! Un partisan de l'euthanasie intervient : — Même si elle souffrait beaucoup ? — Oui, elle était croyante, elle pensait que Seul Dieu avait le droit d'ôter la vie. Personne, même par pitié, ne pouvait se substituer à Lui ! Mais la position à l'égard de l'euthanasie n'est pas conditionnée par la foi puisque des croyants la défendent. La presse donne d'ailleurs la parole aux catholiques et aux protestants, partisans de l'euthanasie : «S'il est vrai que c'est Dieu qui donne la vie et l'enlève, disent-ils, l'homme a le droit de choisir, quand il souffre et quand il perd tout espoir de guérison, s'il doit continuer à vivre ou à mourir. Et dans le cas où il choisirait de mourir, il est du devoir du médecin d'accéder à sa demande.» Les opinions s'entrechoquent, les passions s'enflamment et le débat gagne bientôt le pays. Pour le droit de vivre ou pour celui de mourir ? Pour ou contre l'euthanasie ? Faut-il condamner le docteur Sanders ou, au contraire, le relaxer ? Le procès est fixé au 20 février 1950. La constitution du jury n'a pas été aisée. Il fallait en choisir douze sur une liste de près de cent cinquante. Dans une affaire aussi délicate, il convient de procéder à un «dosage» qui tienne compte des spécificités locales : ainsi, il faut représenter les deux communautés religieuses – catholiques et protestants – en sachant que les protestants sont plutôt du côté du docteur Sanders et les catholiques majoritairement contre lui. Il faut aussi que les deux sexes soient représentés. Beaucoup de personnes pressenties se dérobent, déclarant, pour ne pas être choisies, qu'elles ont des opinions arrêtées sur l'affaire. Finalement, douze hommes sont choisis, neuf étant catholiques et trois seulement protestants, ce qui risque d'influer sur l'issue du procès. De toute façon, peu de gens pensent que le médecin sera acquitté : l'acquitter, en effet, reviendrait à cautionner l'euthanasie, c'est-à-dire à changer la législation, ce que un grand nombre d'Américains ne sont pas près d'accepter. Même les gens qui sont favorables à l'euthanasie hésitent à demander sa légalisation : ne risque-t-on pas, en effet, d'ouvrir la voie à tous ceux qui voulant se débarrasser d'un proche, demandent sa mise à mort. «Vous voulez vous débarrassez de votre épouse ou de votre époux ? Cet époux ou cette épouse est malade sans espoir de guérison ? Alors mettez-vous d'accord avec le médecin traitant, invoquez le désir de mettre fin à ses souffrances et ôtez-lui la vie ! A vous la belle vie ou la fortune !» C'est bien sûr caricatural, mais le public pense que les choses peuvent, effectivement, se dérouler de cette façon. (à suivre...)