Résumé de la 6e partie n Le Dr Sanders qui, en décembre 1949, a provoqué la mort d?une patiente pour abréger ses souffrances, risque, s?il est reconnu coupable, la peine de mort. Le shérif O?Brien enquête sur le médecin, essayant de cerner sa personnalité. Il commence par ses collègues de l?hôpital. Quelques médecins trouvent que le Dr Sanders pouvait pratiquer l?euthanasie sans l?afficher de façon aussi outrancière : ne cherche-t-il pas, par ce comportement, à se faire de la publicité ? Mais la plupart des gens interrogés diront du médecin : «C?est un homme de c?ur !» Solidarité de caste avec un collègue en difficulté ? Non, des anciens patients du médecin, des gens de son entourage témoignent : «Il soigne ses malades avec dévouement, il lui arrive, alors qu?il n?est pas de service, de venir les voir pour les rassurer.» C?est aussi, raconte-t-on au shérif, un homme qui sait manifester sa solidarité : il ne fait pas payer les malades pauvres et va jusqu?à régler leurs ordonnances. Il y a une année environ, il n?a pas hésité à se rendre en Angleterre pour étudier le système de santé de ce pays, le plus social du monde occidental, à l?époque. L?enquête étant achevée, le Dr Sanders est libéré contre une caution de 25 000 dollars. Mais il reste toujours inculpé de meurtre, du moins jusqu?à son procès. Dès le lendemain, il reprend son travail à l?hôpital, où il accouche une femme. Les journalistes l?entourent, le photographient, l?interviewent. A Manchester, les opinions sont partagées. Il y a ceux qui approuvent l?acte du médecin et trouvent qu?il a agi conformément à ce que lui a dicté sa conscience : mettre fin aux souffrances d?une pauvre femme dont on prolongeait inutilement la vie. De l?autre côté, il y a tous ceux qui pensent que le médecin, dans son orgueil, a voulu se substituer à Dieu en décidant, sans la consulter et sans consulter aucun membre de sa famille, de la mort d?une personne. Le clivage catholiques/protestants, qui divise parfois les Américains, apparaît fortement dans cette affaire. Les catholiques, qui forment la majeure partie des habitants de Manchester, sont majoritairement contre le médecin alors que les protestants, minoritaires, lui sont favorables. Les protestants vont d?ailleurs se montrer très actifs en organisant des manifestations en faveur de Sanders, et aussi des prières pour le soutenir. «Vive le Dr Sanders, le bienfaiteur de l?humanité !», cri auquel répond, celui, plus terrible, des adversaires de l?euthanasie : «Tu ne tueras point !» Au sein même de la famille de Mme Borotto les avis sont divergents : alors que quelques membres ? il est vrai peu nombreux ? approuvent l?acte d?euthanasie, d?autres le dénoncent. ? Au nom de quelle morale le Dr Sanders a-t-il agi ? Si notre parente avait été en mesure de donner son avis, elle n?aurait certainement pas accepté d?être mise à mort ! ? Même si elle souffrait beaucoup ? ? Oui, elle était croyante, elle pensait que seul Dieu avait le droit d?ôter la vie. Mais la position à l?égard de l?euthanasie n?est pas conditionnée par la foi puisque des croyants la défendent. S?il est vrai que c?est Dieu qui donne la vie et l?enlève, disent-ils, l?homme a le droit de choisir, quand il souffre et qu?il a perdu tout espoir de guérison, s?il doit continuer à vivre ou à mourir. Et dans le cas où il choisirait de mourir, il est du devoir du médecin d?accéder à sa demande. Les opinions s?entrechoquent, les passions s?enflamment et le débat gagne bientôt le pays. Pour le droit de vivre ou pour celui de mourir ? Pour ou contre l?euthanasie ? (à suivre...)