Résumé de la 45e partie n Acquitter le docteur Sanders, dans l'affaire Borotto, signifie reconnaître l'euthanasie et changer la législation. Le jour du procès, une foule immense est réunie devant le tribunal de Manchester. Malgré le froid intense qui règne – il fait presque moins 20°C – les gens sont là depuis plusieurs heures et quand les portes du tribunal s'ouvrent, c'est la ruée. Les journalistes, qui occupent plusieurs rangs, sont venus de tous les coins des Etats-Unis et certains même de l'étranger. En effet, le débat sur l'euthanasie est international, chacun se demande comment les Américains vont résoudre le problème qui se pose à eux. Les premières séances sont consacrées à la lecture de l'acte d'accusation, puis à l'écoute des témoins. Au cours des débats, quand l'avocat du docteur Sanders, Maître Wyam, fait connaître le système de défense, c'est le coup de théâtre : on ne parle plus d'euthanasie, mais de… mort naturelle ! «Quand mon client a fait la piqûre à madame Borotto, celle-ci était déjà morte !» Protestation de l'accusation : — le médecin a reconnu que la patiente était vivante ! — ce n'était qu'une impression, en réalité, madame Borotto était morte ! Cela signifie donc que le médecin n'a pas provoqué l'embolie fatale, qu'il n'y a pas eu de meurtre ! Même si le médecin avait l'intention de «soulager les souffrances» de sa patiente, il ne savait pas qu'elle était morte. C'est la stupeur générale : comment le docteur Sanders peut-il se rétracter de façon aussi spectaculaire ? Tout le monde pense que c'est la peur d'être condamné qui justifie ce revirement. Et personne bien sûr ne croit cette version des faits. Aussi bien les partisans du médecin que ses adversaires. «Que fait-il du noble principe de soulager les souffrances ? Du devoir moral d'aider les malades à mourir dans la dignité ?», se demandent les premiers, scandalisés. «Le docteur veut sauver sa peau ! Finalement, il ne défend pas, comme il le dit, une cause juste, mais uniquement ses intérêts !» C'est la consternation du côté des partisans de l'euthanasie : — il se renie ! — il a peur de mourir ! — Et dire qu'on le prenait pour un héros ! Du côté des adversaires de l'euthanasie, c'est le soulagement : — c'est mieux ainsi, cette rétractation va sauver un principe fondamental du droit universel : le respect de la vie. On brûle de l'entendre s'expliquer, mais comme la procédure américaine ne permet d'interroger l'accusé qu'après l'audition des témoins, il faut attendre que ceux-ci soient tous interrogés. Et ils seront nombreux à venir à la barre, les uns pour défendre le médecin, les autres pour le perdre. (à suivre...)