Souvent, il est demandé au malade hospitalisé d'acheter lui-même des médicaments lui ayant été prescrits au sein de la structure hospitalière, sous prétexte de l'indisponibilité du produit. Le ministère de la Santé appelle les citoyens à le saisir dans pareilles situations qui ne doivent tout simplement pas se produire. «Si on prescrit un médicament au sein de la structure hospitalière à un malade et qu'on lui demande de l'acheter ailleurs, il doit saisir le ministère de la Santé. Ça ne doit pas exister au niveau des hôpitaux. Quand un malade est hospitalisé, il doit être pris en charge totalement», a assuré, ce matin, Abderrahmane Boudiba, expert en pharmacie auprès du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. La tutelle veut donc mettre un terme à une pratique pénalisant, depuis de longues années, les malades. «On ne doit pas prescrire aux malades des médicaments qu'ils doivent acheter eux-mêmes. Tous les produits doivent être dispensés à l'intérieur», a encore insisté M. Boudiba. Pour lui, il n'y a aucune raison de recourir à cette pratique, contraire au principe de la gratuité des soins, puisque l'ensemble des médicaments sont disponibles au niveau des hôpitaux. «Pour certains produits, le ministère de la Santé a mis en place un texte réglementaire qui stipule que même si le produit n'est pas enregistré, il est mis à la disposition des malades par le biais d'ATU (Autorisation temporaire d'utilisation)», précise l'invité de la radio nationale. Evoquant la facture d'importation des médicaments qui avoisine le milliard et demi de dollars, M. Boudiba a estimé qu'«il faut cesser d'exhiber à chaque fois ce chiffre car la santé n'a pas de prix». L'Etat, a-t-il dit, doit assurer les soins aux citoyens en mettant à leur disposition l'ensemble des thérapeutiques nécessaires. Il a expliqué l'augmentation de cette facture par deux facteurs essentiels : - le vieillissement de la population est l'un des facteurs ayant conduit à l'augmentation de la facture d'importation des médicaments. La tranche d'âge au-delà de 40 ans est exposée à des maladies chroniques, -la mise en place d'un tissu de structures sanitaires à travers le territoire national qui nécessite un approvisionnement en médicaments. Par ailleurs, M. Boudiba a nié l'existence d'une pénurie de médicaments essentiels dans nos hôpitaux. Au niveau de certaines structures, il peut y avoir une rupture d'approvisionnement, a-t-il expliqué, mais on ne peut parler de pénurie à travers le territoire national. Pour étayer ses propos, il a rappelé la récente mesure prise au profit des cancéreux qui, quand ils sortent des hôpitaux, reçoivent leurs médicaments au sein des structures sanitaires de leur lieu de résidence. Concernant la production locale, la liste arrêtée par le ministère de la Santé en collaboration avec les producteurs nationaux pour la suspension de l'importation des produits fabriqués localement, comporte 70% de produits essentiels, dont des médicaments destinés aux maladies chroniques, a rappelé l'invité de la radio.