Origines En fait, Yennayer semble être un déclic pour un retour au travail de la terre nourricière. Le calendrier berbère comprend douze mois. Il dérive du calendrier romain que l?empereur Jules César a réformé en l?an 46 av. J.-C., d?où le nom de «Julien». Le calendrier julien a été, à son tour, réformé en 1582 par le pape Grégoire XIII, parce qu?il présentait quelques défauts. Le calendrier grégorien devient alors universel, en usage aujourd?hui dans le monde entier. Le nouvel an berbère correspond au 12 janvier du calendrier grégorien. Yennayer est une fête célébrée par les Berbères ; il correspond à un événement historique singulier. L?origine de Yennayer remonte à l?an 950 av. J.-C. C?est à partir de cette date-là que les Berbères ? les Imazighen ? ont commencé à célébrer Yennayer, comme pour traduire ce besoin de se remémorer ce temps. Yennayer renvoie en effet au jour ? ou à l?année ? où l?armée berbère a vaincu les hommes du pharaon. Une victoire millénaire sur l?Egypte, remportée en 950 av. J.-C. Il se trouve que ce fait relève du mythe, d?un imaginaire collectif, et que l?on appelle «le mythe de Sheshnoq 1er». Celui-ci, conscient de sa berbérité, s?en alla, à la tête d?une armée, conquérir un pays étranger : l?Egypte. Le mythe dit aussi que Sheshnoq 1er serait le fondateur de la XXIIe dynastie pharaonique. Il accéda, juste après la mort de Psoussenes II, au statut de pharaon d?Egypte soumettant ainsi tout le delta du Nil à son influence politique, et que son royaume s?étendait jusqu?à la partie orientale de la Libye actuelle. Une autre version de ce mythe vient dire que le roi Sheshnoq 1er aurait remporté une victoire sur le pharaon Ramses III dans une bataille en l?an 950 av. J.-C. à Béni Snouss, près de Tlemcen. Une autre variante vient dire que c?est près de Khmis que l?armée égyptienne a été terrassée. Il reste cependant à authentifier ces faits sur le plan historique. Selon une croyance populaire encore vivace qui nourrit l?imaginaire collectif, la célébration de cette manifestation aurait pour origine un autre mythe : on raconte que Yennayer (janvier) aurait sollicité Furar (février) pour lui prêter un jour afin de punir une vieille femme qui s?est moquée de lui. Ce jour-là, selon l?histoire, un violent orage éclata et poursuivit la vieille femme jusqu?à l?étouffer. La mort de celle-ci symbolisera, depuis, dans la mémoire collective, le sort réservé à quiconque aurait la hardiesse de parodier la nature. Toutefois, la version la plus répandue ? et la plus probable, disons plutôt plausible ? est toutefois celle qui revient systématiquement à dire que Yennayer est une fête que les Berbères célèbrent pour annoncer une nouvelle année se déroulant au rythme des saisons. Il est d?ailleurs appelé «tabburt useggwass» qui signifie «la porte de l?année». Cette fête vient célébrer l?avènement des quatre nouvelles saisons qui toutes correspondent à des moments cruciaux de l?agriculture. Yennayer est un jour où la collectivité doit entamer une nouvelle année, donc il convient de renouveler ses forces spirituelles en faisant appel aux rites liés aux travaux agricoles pour augurer une année bonne et prospère, pour que la terre soit fertile et les récoltes abondantes. Les rites se traduisent par des sacrifices. La tradition a retenu le sacrifice d?un coq par homme, une poule par femme et les deux ensemble pour les femmes enceintes afin de ne pas oublier le futur bébé ; et à défaut de viande, chaque membre de la famille sera représenté par un ?uf surmontant une couronne de pâtes. Le dîner, ce jour-là, doit être copieux, et la viande de l?animal sacrifié y sera servie conformément au rite. Certains, qui ne peuvent se permettre un tel sacrifice, servent de la viande sèche, telle que «acedluh», gardée pour de pareilles occasions. En fait, Yennayer, oscillant entre mythe et réalité, semble être plutôt un déclic pour un retour au travail de la terre nourricière, car c?est là le message fondamental de la célébration de cette fête. Plus tard, Yennayer s?est diversifié au fil des siècles, et se fête aujourd?hui de manière différente, selon les régions et les localités. Devenant ainsi pluriel, il dénote divers aspects et revêt diverses couleurs. Des variantes et diverses définitions viennent démarquer les groupes sociaux, voire les familles. Chaque famille célèbre à sa manière Yennayer qui devient, alors, une identité, un élément capital par lequel une famille se caractérise, s?identifie, et se différencie de ses voisines.