Nouveauté L?avant-projet de loi sur la réforme hospitalière encadre le recours à l?interruption volontaire de grossesse. Si un diagnostic de l?embryon ou du f?tus révèle une maladie ou une malformation grave, l?interruption de la grossesse est prévue par cet avant-projet. L?article 50 apporte ainsi une nouveauté majeure par rapport à la loi de 1985 qui n?autorisait l?IVG que si la santé de la mère était en danger. En tout état de cause, le fait que le gouvernement se lance dans une grande flexibilité ne lui permet que de légaliser une situation déjà vécue dans la douleur par les parents. Mais les restrictions du projet limitent tout de même l?IVG à des cas thérapeutiques bien précis, ce qui est loin de la permissivité. Implicitement, la loi ne va toujours pas reconnaître à la femme la disposition pleine et entière de son corps. La femme n?a pas ainsi latitude de décider ce qu?il convient de faire de son corps bien que cette question représente le fondement des débats passionnés sur l?avortement qui est loin d?être simplement un effet de mode ou un objet de curiosité. S?il y a un tabou à lever dans la société, c?est bien celui du rôle de la femme en son sein et non seulement celui de l?avortement en tant qu?acte médical qui est déjà entré dans la législation algérienne depuis des années. Si certains pans de la société réclament une autorisation de l?avortement, c?est bien pour bénéficier des conditions sanitaires nécessaires à un geste médical. Le projet de loi pousse cette logique jusqu?à l?extrême et subordonne justement l?avortement à des impératifs médicaux. Par ces précautions, le gouvernement ne veut surtout pas être accusé d?encourager un mouvement quelconque de relâchement des m?urs. Si un couple décide de conception d?un être humain, il n?a qu?à assumer sa décision jusqu?au bout, semble vouloir dire le projet. Ce dernier n?entre pas dans les détails pour connaître les liens existants entre le couple. Le texte parle pourtant des femmes enceintes «en difficulté» que les structures de santé «sont tenues d?accueillir» et de «respecter leur anonymat». Concrètement, le sort des mères célibataires n?est pas négligé par le gouvernement, mais il estime qu?il n?y a aucune raison de leur accorder un régime dérogatoire pour maintenir l?égalité entre les citoyens. Il faut aussi reconnaître que le ministère de la Santé a pris une décision difficile en autorisant l?avortement des femmes violées par les terroristes, au moment où d?autres s?y dérobaient.