Défi n A l'heure de la mondialisation, la question mérite d'être posée même si elle paraît secondaire par rapport aux immenses défis de l'heure : peut-on rapprocher les trois religions monothéistes entre elles, chrétienne, judaïque et musulmane ? La réponse est oui. Dans la mesure où il existe des segments communs aux trois messages révélés, puisqu'ils ont la même origine à savoir : l'unicité de Dieu, les tourments de l'enfer, les délices du paradis, le Jugement dernier, le jour de la résurrection. La tâche est d'autant plus facile que le discours du patriarche Abraham sert de socle et d'assise à toutes les trois qui se reconnaissent dans la lignée de sa descendance, de David à Salomon. Là, s'arrête le tronc collectif dès lors qu'il donnera naissance à des branches qui poussent dans toutes les directions. Et comme nous allons le voir, les désaccords sont tellement nombreux sur le fond que les dogmes, eux-mêmes, sont aujourd'hui en totale opposition les uns avec les autres. Ainsi, par exemple pour l'islam, Jésus n'est qu'un prophète chargé d'une mission terrestre. Il n'est et ne peut être le fils de Dieu, puisque Dieu par essence est unique et n'enfante pas. Pour l'islam, il n'y a ni écran ni intermédiaire entre Dieu et Son serviteur. Et seul le Créateur peut absoudre ses péchés et accepter sa repentance si elle est sincère. Autrement dit, l'islam ne reconnaît pas implicitement l'absolution des confessionnaux et encore moins les indulgences vendues par les papes au moyen âge et censées garantir l'accès au paradis à leurs propriétaires. L'islam, par ailleurs, ne reconnaît, en aucune manière, le mystère de la sainte trinité puisque par définition Dieu n'a ni enfant ni associé. Les divergences ne s'arrêtent pas là. L'islam se prévaut d'un message authentique qui n'a été altéré ni par le temps ni par la plume des hommes, contrairement aux autres messages qui ont été revus, corrigés et même étoffés par des rajouts de théologiens qui les ont attribués à Dieu. Cette hérésie, aux yeux des ulémas, est la pire de toutes. Pour l'islam, la religion de Moïse pêche par un message surchargé par la main des hommes qui lui enlève sa fraîcheur et sa vérité primitive. On pourra nous reprocher dans ce chapitre de ne regarder que par le petit bout de la lorgnette, de ne juger les autres messages que par le prisme de l'islam. Comment pourrait-il en être autrement puisque l'islam est né plusieurs siècles après les autres religions et que notre prophète (Qsssl) est considéré comme le sceau de tous les prophètes antérieurs à l'islam. Ni le message de Moïse ni celui de Jésus ne peuvent donc porter un quelconque jugement sur une religion née au VIIe siècle de l'ère chrétienne. Pour l'islam, le peuple juif a effectivement été élu par Dieu, choyé même, mais sa désobéissance l'a définitivement et éternellement déchu de ce statut. Pour autant le juif est-il un ennemi ? Bien sûr que non. A partir de là, peut-on concrètement rapprocher tous ces dogmes ? Une fois de plus certainement. Exactement comme si on réunissait trois frères issus du même ventre, qui ont des destinées parallèles, des engagements opposés et des ambitions divergentes et qu'on inviterait à s'asseoir à la même table. Tout ce qu'ils auront en commun c'est la même mère nourricière dont ils ont perdu presque le souvenir, le même sang qui coule dans les veines et rien de plus, à part, peut-être, quelques valeurs essentielles héritées de l'aïeul au sommet de la pyramide comme la foi en un Dieu unique et la résurrection. Point barre.