Conduite n Très réceptif aux progrès de la science dont il est le bénéficiaire en dernier ressort, le musulman repousse en général tout ce qui n'est pas conforme à sa morale de tous les jours. Et quand cela n'est pas possible, la tête dans le sable comme l'autruche, il évite de voir la vérité en face, avec une seule excuse à la bouche : Allah ghaleb. Prenons l'exemple concret de l'audiovisuel. Cette extraordinaire technologie qui permet de rapprocher les hommes en temps réel est loin, a contrario, de rapprocher leurs convictions. Indépendamment de quelques émissions culturelles et historiques triées sur le volet de quelques grands reportages qui ouvrent d'insoupçonnables horizons sur le monde, tout ce qui vient par ondes hertziennes et envahit nos écrans n'est souvent que violence et sexe. Personne ne dira le contraire. Même les gestionnaires de ces chaînes, dépassés par la déferlante d'images hypernégatives, tentent d'y mettre le holà en imposant des carrés de censure aux jeunes de moins de 12 ans ! Face à des dépassements que le simple bon sens réprouve, de nombreuses familles en Algérie et ailleurs ont carrément orienté la direction de leur parabole vers les chaînes d'Orient car l'Occident judéo-chrétien sous le fallacieux prétexte de la liberté d'expression, laissait, en fait, passer tous les abus et n'importe quoi. Dans l'esprit de beaucoup de téléspectateurs aujourd'hui branchés sur «Iqra» ou d'autres chaînes plus séantes, les images dépravées que renvoie l'Europe ne sont que l'expression d'une culture dégradante qu'une église permissive, au motif sacro-saint de laïcité, n'a pas pu juguler. Il est clair que le musulman, dont la vie est réglée par les cinq prières quotidiennes et dont l'engagement pour Dieu est quasi permanent, ne comprend pas une religion qu'il respecte au demeurant et qui cède trop souvent le pas aux valeurs dites républicaines qui se placent finalement au-dessus d'elle. Cela explique pour lui, par exemple, pourquoi on a réalisé un film à coups de millions de dollars où Mel Gibson invente une vie sexuelle à Jésus sans que l'église arrête le tournage de cette hérésie alors que dans le «Message» de Mustapha El-Akkad aucune image du prophète n'a été proposée à l'écran. Il ne comprend pas pourquoi les prêtres font vœu de célibat alors que la fonction essentielle de l'homme est de procréer. Il ne comprend pas non plus pourquoi, dans certains offices en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, les paroissiens chantent et dansent pendant la messe. Mais il reste serein devant cette différence dans la mesure où sa religion lui a toujours enseigné d'être tolérant à l'égard des autres. Et ce précepte est tellement recommandé en islam qu'il est devenu un des pivots de la foi. Mais tolérer ne signifie pas accepter. Dans ces conditions, lui est-il possible de vivre côte à côte avec des gens dont il ne partage ni le culte ni les rituels et encore moins certaines valeurs d'où viennent finalement tous les maux, comme le mariage homosexuel, la reconnaissance des gays, le concubinage et la liste à l'évidence n'est pas exhaustive ? Encore une fois, la réponse est oui, si la différence de l'un est tolérée par l'autre et vice-versa. Or, à quoi assistons-nous aujourd'hui sur le terrain ? A la préservation jalouse et à grande échelle des valeurs de l'un ou de l'autre. Le Vieux continent, fondé sur les valeurs judéo-chrétiennes, refuse globalement l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne même si Ankara fait des efforts surhumains aujourd'hui en matière de démocratie et des droits de l'homme. Certains hommes politiques ont eu le courage de le dire ouvertement : il n'est pas question d'intégrer 90 millions de musulmans dans un ensemble de 300 millions de chrétiens. En Arabie saoudite, le wahhabisme a parqué tous les coopérants étrangers dans des bases de vie spéciales et confortables pour éviter tout contact avec la population «saine» du royaume. En Afghanistan, toutes les étrangères doivent se conformer à la charia et se couvrir la tête, même les journalistes quand elles circulent dans la rue. Bref, la concorde interconfessionnelle n'est sûrement pas pour demain.