Le développement de la finance islamique en Algérie passe forcément par la formation de la ressource humaine. C'est du moins ce qui ressort du colloque consacré aux services financiers et à la gestion des risques dans les banques islamiques, ouvert dimanche à Sétif. Dans ce sens les participants à la rencontre ont recommandé ''la formation d'experts en la matière, pour créer un pôle compétitif, dans ce domaine, en Algérie''. il faut dire que cette rencontre initiée par la faculté des sciences économiques, en coordination avec la banque islamique de développement, rassemble de nombreux experts et chercheurs venus de Bahrein, de Syrie, de Jordanie et du Maroc. Selon les organisateurs elle vise à étudier les moyens permettant de gérer judicieusement les ressources financières islamiques. Selon le Dr. Salah Salhi de la faculté des sciences économiques de l'université de Sétif, ''l'Europe qui s'est constituée en pôle de services financiers attirant des centaines de milliards de dollars, dispose de plus de 50 instituts spécialisés dans la formation de spécialistes''. Le Dr. Salhi a estimé que les progrès du monde occidental en matière d'économie bancaire, imposent à l'Algérie d'élaborer une stratégie pour devenir un partenaire africain, incontournable pour l'Europe''. De son côté, le secrétaire général du conseil général des banques et établissements financiers de Manama (Bahrein), le Dr Azzedine Khodja, a souligné que les banques islamiques ''trouvent aujourd'hui une large audience à travers le monde, où de nombreux financiers et banquiers occidentaux s'intéressent à leur expérience, en particulier à la suite de la dernière crise financière mondiale". ''Il est important que les banques islamiques se multiplient à travers les pays arabes et musulmans, berceau de la charia islamique'', a estimé l'expert bahreïni avant de souligner que les banques islamiques ''veillent à financer les investissements sans enfreindre la chariâ islamique''. Il faut dire que la finance islamique promeut l'investissement dans des actifs tangibles : les investissements doivent être adossés à des actifs réels. Au-delà de ce premier critère discriminant, les financiers musulmans ne dérogent pas à une règle d'or : le banquier n'est pas prêteur mais co-investisseur et donc partenaire du projet financé. Ses revenus correspondront à une quote-part des résultats issus du projet financé. L'exigence d'un audit approfondi des potentiels projets à financer ainsi que l'accompagnement des entrepreneurs pendant les phases de recherche, de lancement et de vie de projet permettent d'éviter une dilapidation de capitaux reçus et une gestion qui s'est, jusqu'alors, révélée salutaire. Le très célèbre principe des 3P (Partage des Pertes et Profits) conduit de manière systématique, le banquier (investisseur) à une vigilance accrue quant à la pertinence du projet financé. La différence de comportement entre l'investisseur " islamique " et l'investisseur " classique " en matière de bourse pourrait être explicitée en deux points. Le premier est investisseur à moyen et long termes, l'autre est, le plus souvent, spéculateur de court terme, profitant des écarts de cours sur un titre. D'ailleurs certains savants musulmans ont pu émettre l'idée de cycle d'investissement concernant l'achat d'actions. La durée de détention d'un titre de société intervenant dans le domaine agricole pourra par exemple correspondre au temps nécessaire pour semer, récolter et commercialiser. La décision de vente du titre sera alors justifiée par une véritable stratégie d'investissement mesurée par le retour sur investissement post-cycle de récolte. Dans leur ensemble, les principes majeurs de la finance islamique, sans se targuer d'être des antidotes absolus pour l'ensemble des maux, constituent un corpus de normes dont la vocation profondément éthique permet de fixer de solides garde-fous aux acteurs de la sphère financière. L'un des défis majeurs de la finance islamique, ou du moins de celui de ses partisans, sera celui de résoudre un paradoxe qui semble être un véritable casse-tête pour les hommes modernes que nous sommes : allier croissance vertigineuse à exemplarité morale. Les analystes de S&P relèvent par ailleurs, que le développement de la finance islamique devrait notamment être soutenu par des avancées dans les pays non musulmans, en particulier l'Europe de l'ouest. Ils citent la France, l'Italie et Malte. Toutefois, ils soulignent que des interrogations demeurent quant à la véritable capacité d'implantation de la finance islamique dans cette zone. L'agence cite, à ce propos, les obstacles réglementaires, notamment en matière fiscale et les incertitudes concernant la demande pour les produits conformes aux principes de la Charia. "La visibilité manque quant à l'intérêt des musulmans pour l'offre de banque islamique et la capacité de ces produits à attirer des non musulmans", note S&P dans l'étude.