Nécessité n La compétence professionnelle s'acquiert d'abord à l'université ou dans d'autres établissements de formation, mais elle doit être «confortée» par des cycles de formation continue au sein de l'entreprise. Actuellement, le rôle des structures de formation dans divers paliers est décrié par les responsables des entreprises qui se retrouvent, de ce fait, contraints d'adapter les connaissances théoriques aux réalités du terrain, ce qui est en soi un grand investissement, ou bien de recourir, et c'est la solution de facilité pour laquelle optent certaines entités économiques, au recrutement d'employés étrangers. L'entreprise n'est, bien évidemment, pas gagnante dans cette dernière option, puisque les employés étrangers exigent des salaires faramineux et nécessitent tout un plan de prise en charge (hébergement, restauration, transport…). Les experts en matière de gestion des ressources humaines appellent à la nécessité d'assurer des stages pratiques aux étudiants tout au long de leur cursus de formation afin qu'ils soient «opérationnels» dès l'achèvement de leurs études. «Aujourd'hui, rares sont les établissements de formation qui prennent en charge ce volet important et même les universités ne font pas d'efforts dans ce sens. Pourtant, le nouveau système adopté (Licence-mastére-doctorat) est basé, en grande partie, sur l'aspect pratique», constate Abdenour Nouiri, maître de conférences à l'Institut national de commerce (INC). Il rappelle que, durant les années 1970, les études universitaires étaient basées sur l'étude de cas pratiques et non pas sur des théories. «Même les enseignants étaient des cadres au sein d'entreprises et maîtrisaient parfaitement leurs spécialités. Ils apprenaient, donc, aux étudiants ce dont ils auront réellement besoin dans leur carrière professionnelle», se rappelle M. Nouiri. Aujourd'hui, regrette-t-il, il suffit d'achever une thèse de magistère ou de doctorat pour devenir un enseignant à l'université. L'institut national de commerce (INC) a pris une bonne initiative en créant un «centre de carrière» en collaboration avec l'université du Michigan (USA), qui permet aux étudiants de se rapprocher du monde du travail. Toutefois, les autres structures doivent faire de même si on veut former des cadres et des employés compétents. «Il faut absolument revenir à l'expérience des années 1970 qui a donné des cadres de grande compétence qui ont contribué à la bonne santé des entreprises», insiste M. Nouiri. La formation doit aussi être assurée au niveau des entreprises afin de se mettre au diapason des nouvelles mutations technologiques. «La formation continue fait défaut dans nos sociétés et c'est l'une des principales causes de la performance défaillante des employés. Le monde des innovations avance et on doit améliorer nos compétences avec», ajoute M. Nouiri. Certaines grandes compagnies algériennes ont affirmé leur volonté de créer des structures spécialisées pour la formation de leurs employés, actuels et futurs, à l'image du groupe Cevital et de certaines compagnies d'assurance qui n'attendent, vraisemblablement, que le feu vert des autorités. Il faut dire, par ailleurs, que l'apparition des universités privées a résolu, un tant soit peu, le problème du manque de compétences sur le marché national. D'ailleurs, aussitôt leurs études achevées, les diplômés de ces établissements privés sont sollicités par les opérateurs économiques. Une leçon… et un message sans équivoque aux responsables des secteurs chargés de la formation.