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«L'université est la mieux placée pour épauler les entreprises dans leur évolution»
Djoudi Merabet, recteur de l'université de Béjaïa, à la Tribune :
Publié dans La Tribune le 04 - 08 - 2008


Entretien réalisé par Salah Benreguia
La Tribune : On dit souvent de l'université algérienne qu'elle est une usine à fabriquer des chômeurs. Quel est votre diagnostic en tant que recteur d'université ?
Djoudi Merabet : Ce constat, les universitaires eux-mêmes l'ont dressé il y a déjà quelques années et l'explication n'est pas difficile à trouver : les deux mondes, celui de l'entreprise et celui de l'université, ont fonctionné et continuent (pour la plupart) à fonctionner en se tournant le dos. Cette ignorance mutuelle, qui défie la loi de la logique puisqu'ils sont naturellement liés, a fait qu'aucun d'eux n'arrive à satisfaire les attentes de l'autre. L'usine ne trouve pas le diplômé qu'il lui faut et l'université ne trouve pas de débouchés professionnels à ses diplômés. Le résultat de cette scission est négatif pour les deux : l'entreprise n'arrive pas à optimiser son rendement et le diplômé n'arrive pas à rentabiliser son bagage intellectuel. Mais, je vous demande d'être indulgent vis-à-vis de l'université et du secteur de la formation en général. Je pense sincèrement que la formation supérieure est une responsabilité partagée entre différents secteurs. De plus, l'université et l'usine fabriquent toutes deux des produits dont la valeur obéit à la même logique de l'offre et de la demande. Et il va sans dire que les offres de formation disponibles aujourd'hui nécessitent une mise à jour pour permettre de construire un profil professionnel plus adéquat aux attentes du marché de l'emploi. Dans le cadre du LMD, la confiance faite aux universités pour la construction de leurs offres de formation, au service de leur propre projet de développement et à l'écoute des partenaires publics et privés, constitue l'une des solutions au problème.
Le recrutement des diplômés algériens dans de grandes universités étrangères ou dans de grandes entreprises algériennes, et à qui on fait suivre des formations de mise à niveau, n'est-ce pas là, selon vous, la preuve de l'existence d'un fossé entre la demande du marché de l'emploi et la qualité de l'offre de l'enseignement universitaire ?
Il est vrai qu'il existe un fossé entre la demande du marché de l'emploi et les profils de formation, quoique ce ne soit pas «la qualité de l'enseignement» qui soit à incriminer mais la nature même de cet enseignement qui ne coïncide pas avec la demande. Il est vrai aussi que les raisons de l'insuffisance de la formation sont nombreuses. Le monde de l'entreprise évolue à tous les niveaux, alors que l'enseignement universitaire est resté dans l'ensemble confiné dans l'abstraction de la pure théorie. Cette défaillance en communication est à l'origine de l'écart important qui s'est creusé entre l'université et l'industrie. Ce qui a eu pour conséquence le recours aux institutions étrangères pour prendre en charge, au prix fort, les préoccupations de l'entreprise et ce, au détriment de nos structures de recherche et de nos chercheurs. L'université doit ouvrir ses laboratoires aux entreprises. L'universitaire doit adapter ses connaissances au monde de l'entreprise de son temps. Car, aujourd'hui, la simple acquisition des connaissances n'est pas suffisante pour permettre aux jeunes diplômés d'accéder à un emploi. Le diplômé doit, en plus, avoir le goût du challenge, de l'enthousiasme, la capacité de travailler en équipe, de l'imagination et l'agilité intellectuelle. La formation universitaire actuelle ne les prépare pas à ces dispositions. En d'autres termes, nous ne les initions pas, ou pas assez, à être des entrepreneurs au sens de «porteurs de projets». D'où les réajustements, les compléments de formation auxquels doit procéder l'entreprise quand elle recrute un jeune diplômé.
Avec l'économie de marché et la mondialisation, l'institution universitaire peut-elle réellement contribuer au développement de notre économie ?
Le contexte que vous évoquez, à savoir celui de l'économie de marché dans un contexte de mondialisation, signifie qu'aucune entreprise ne peut plus se suffire à elle-même pour produire, même si ses produits sont de qualité supérieure. Pour survivre, elle doit sans cesse innover. L'innovation est aujourd'hui le véritable avantage concurrentiel. Elle doit penser «monde», elle doit anticiper l'arrivée sur son marché de compétiteurs venus de très loin et elle-même doit viser des marchés plus lointains. Elle doit être flexible, agile, innovante et neuronale. Pour tout cela, elle doit être articulée à l'université. Et l'une des ambitions de l'université doit être d'apporter des solutions à l'entreprise. Par conséquent, l'entreprise et l'université n'ont plus le choix : elles doivent évoluer de concert. L'entreprise, qui doit répondre à des impératifs de marché au niveau national et international, doit pouvoir compter sur l'université. L'université, à son tour, doit non seulement répondre aux exigences de l'entreprise mais elle doit aussi l'accompagner dans sa gestion. Autrement dit, l'université ne doit pas être confinée dans un rôle passif de satisfaction des besoins de l'entreprise en matière grise, elle doit l'aider à anticiper son plan de gestion, car gérer c'est aussi prévoir. Prévoir, c'est d'abord analyser. Et qui mieux que l'université peut l'épauler dans cette démarche ?
Est-ce à dire que l'université algérienne doit amorcer un processus de profonde mutation pour être à la hauteur de sa mission ?
Elle a déjà amorcé ce processus à travers notamment la mise en place du dispositif LMD. Ce dispositif n'est pas une simple réforme de la manière d'enseigner à l'université. Il vise à instituer, au sein de l'université, de nouvelles modalités du «vivre ensemble», structuré par des relations de recherche, d'enseignement et d'apprentissage. De ce fait, la mission d'insertion professionnelle devrait compléter explicitement les missions d'enseignement et de recherche. Par conséquent, nous ne devons pas poser les problèmes en termes réducteurs de simple préparation à l'embauche. Il s'agit bien d'un paradigme nouveau de la formation. Une formation ouverte sur le monde de la production, et en même temps un paradigme nouveau de l'entreprise à l'ère de la nouvelle économie. C'est pour cela qu'il faut faire converger les efforts vers plus de flexibilité dans la gestion des offres de formation, une autonomie pédagogique, un financement par projets, un management par objectifs et une évaluation avec obligation de résultats. Tout cela permettra à l'université de s'inscrire dans un système compétitif qui améliorera irréfutablement le rendement scientifique et pédagogique.
L'université de Béjaïa a organisé récemment un forum université-entreprises. Quel était l'objectif de cette rencontre ?
L'objectif de ce second forum (le premier a eu lieu l'année dernière à la même période) est on ne peut plus clair : offrir un espace concret de rencontre et d'échanges entre l'université et l'entreprise, et institutionnaliser cette interface au point de les rendre indispensables l'une à l'autre. L'intérêt d'une telle initiative est multiple. D'abord, pour l'université de manière générale, il réside dans l'ouverture sur le monde extérieur et dans la valorisation des travaux de recherche auprès du secteur utilisateur. Mais il est aussi dans le réajustement des programmes nationaux de formation et de recherche en fonction des préoccupations et des priorités nationales qui sont ainsi mieux évaluées. Ensuite pour l'étudiant, l'intérêt est dans les contacts directs avec les décideurs pour faire connaître son projet, pour apprendre à négocier les clauses d'un contrat de recrutement et pour apprendre à communiquer avec le monde extérieur.
Pour l'enseignant, le forum est l'occasion de développer ses relations humaines avec le monde productif, mettre à niveau ses connaissances scientifiques et techniques, négocier la convention université-industrie pour l'organisation de stages pratiques et de visites d'usines pour les étudiants en formation. Et, enfin, pour la région, l'intérêt est dans la génération des possibilités d'expansion et de création de richesses et d'emploi au niveau régional, la contribution à la résorption du chômage et la mise en place d'une banque de données régionales fiables. Nous pouvons dire que les résultats du forum commencent à se concrétiser.


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