Saison n Même si la cueillette des olives commence vers octobre, c'est surtout durant les vacances d'hiver qu'elle prend plus d'ampleur. Les femmes et les enfants se rendent en groupe pour aller dans les oliveraies qui, parfois, se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres des habitations. Parfois, les femmes se donnent rendez-vous pour faire le trajet ensemble. On emporte quelques provisions pour le déjeuner et on se met en route très tôt le matin. Si, avant le terrorisme, les familles prenaient le chemin de la montagne vers 5 heures du matin pour profiter au maximum de la journée, cela n'est plus possible de nos jours. Il faut attendre 8 heures pour voir les premières personnes dans les oliveraies. Dans la région de Sidi Ali Bounab, la présence terroriste n'a pas poussé les familles à abandonner leur héritage ancestral. L'olivier continue à occuper une place importante au sein de la famille et celui qui n'en a pas est toujours plaint. Que de femmes se voient contraintes de ramasser les olives des autres pour recevoir en échange une partie de la récolte… La forêt de Sidi Ali Bounab, au sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou, n'est cependant pas totalement habitée. Plusieurs zones n'ont pas été épargnées par l'exode rural et les dernières familles ont quitté les lieux depuis plus de 10 ans. Mais à l'occasion de la compagne oléicole, les familles reviennent. Elles viennent même d'Alger pour ramasser les précieuses olives. Une Algéroise d'une quarantaine d'années nous apprend qu'elle se rend chaque week-end à Sidi Ali Bounab avec son mari et ses enfants pour ramasser les olives : «Je préfère faire le trajet et cueillir les olives et produire ma propre huile plutôt que d'acheter ce qui se vend dans les magasins et dont on ignore la qualité. En plus, cela nous change un peu de la capitale et nous fait oublier le stress d'une semaine de travail». Les enfants participent, eux aussi, au ramassage des olives tombées par terre et vont aussi à la recherche de champignons et d'asperges qui poussent en abondance en cette période. Les olives ramassées sont stockées généralement dans des sacs en jute pendant plusieurs jours jusqu'à ce qu'on accumule une quantité suffisante pour la pression. Le produit est alors acheminé aux huileries de la région pour revenir avec la précieuse huile d'olive de Kabylie qui parfume les plats de couscous et entre dans la préparation de la galette. Lorsque la récolte est abondante, on se permet même de frire la pomme de terre dans de l'huile d'olive, un luxe que beaucoup de familles ne peuvent pas s'offrir…