Déclaration n «Certains juristes connaissant plus ou moins l'Islam affirment qu'il faut dépasser l'argument religieux. Ils semblent s'inspirer plutôt du code civil sans recourir à l'Islam. C'est là une position qui ne respecte pas la Constitution dans son article 2.» Cette déclaration émane du cheikh Bouamrane, président du Haut conseil islamique (HCI), une institution consultative concernant les questions d'ordre religieux, lors d'un entretien qu'il nous a accordé. Cheikh Bouamrane répondait ainsi aux juristes et défenseurs des droits de l'homme qui estiment que la peine de mort doit être abolie. Selon lui, la demande d'abrogation de la loi sur la peine de mort vient de l'Organisation des Nations unies qui prétexte que cette peine est contraire aux droits de l'homme. Interrogé sur une éventuelle abolition de cette peine en Algérie, d'autant plus que son exécution a été gelée depuis seize ans, le président du HCI a répondu : «Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, appliquent encore la peine de mort. Dans notre pays, l'Islam est la religion d'Etat. Il ne saurait s'écarter de l'Islam qui est la source principale de la législation.» Un avis qui n'est pas partagé par les hommes de loi qui rappellent que la source de loi en Algérie n'est pas uniquement la Charia. Cependant, cheikh Bouamrane s'est montré précis sur la décision que prendrait son institution si le Parlement venait à le consulter. «Le Haut conseil islamique donnera son point de vue à partir du texte coranique, de la tradition prophétique et de l'effort (idjtihad) des grands savants de l'Islam», a-t-il indiqué, en soulignant que le HCI n'intervient pas directement dans les affaires du Parlement. Mais quand il s'agit d'une question relevant de la charia, les spécialistes de l'Islam doivent être consultés. «Lorsque le ministère de la Justice a élaboré un avant-projet de texte portant sur le code de la famille, il a constitué une commission de spécialistes et a fait appel à deux représentants du H.C.I. Alors que certains membres de cette commission avaient recommandé la suppression du rôle du tuteur dans la conclusion du mariage, le H.C.I a demandé de maintenir la présence du tuteur pour des raisons évidentes qu'il a exposées à la commission. Finalement la présence du tuteur a été maintenue», a ajouté cheikh Bouamrane. Ce qui ressort principalement de ces déclarations de la plus haute institution islamique du pays, est que la proposition de loi introduite au Parlement risque d'être compromise.