Hier, les invités de ce parti ont lancé des critiques acerbes contre les rédacteurs de ce projet. Le gouvernement a t-il l'intention de reculer concernant la question du code de la famille? Les islamistes sont affirmatifs. Ces derniers crient déjà à la victoire, laquelle traduit selon eux «la pertinence de leur campagne de mobilisation». Avant même que le dossier ne soit déposé sur la table de l'APN, El Islah anticipe et organise un séminaire parlementaire pour débattre du code de la famille. Une rencontre à laquelle ont pris part, des juristes, des représentants d'institutions religieuses mais aussi des groupes parlementaires siégeant à la chambre basse. Sans grande surprise, le Rassemblement national démocratique (RND), qui soutient les amendements portés à l'actuel texte, a brillé par son absence. Par ailleurs la présence au premier rang des députés du MSP et du FLN renseigne sur la nature de l'alliance non dite autour de cette question. Elle explique surtout l'optimisme des parties qui sont contre cette loi. «Nous sentons un net recul de l'exécutif par rapport à cette question», explique M.Fateh Guerd député du MSP. Plus prolixe, ce dernier est convaincu que le gouvernement hésite sérieusement à adopter les amendements contestés. Preuve en est «l'on apprend que le code de la famille ne sera pas débattu demain au conseil des ministres». Par ailleurs, il ne fait plus de doute pour El Islah que le pouvoir revoit sa position. «Après le ton tranchant de la majorité de la classe politique, des religieux et des zaouïas se sont démarqués d'une telle initiative.» Toujours à en croire des indiscrétions faites en marge de cette journée d'étude, «ce recul» est de surcroît, le résultat «des pressions» exercées par le FLN sur les cercles du pouvoir. «Il est clair que cette loi telle qu'elle est conçue a peu de chances de passer». D'autant plus «que deux des trois partis qui font l'alliance stratégique sont contre cet avant-projet», précise notre source. Allusion faite bien sûr au MSP et au FLN qui, rejoints par le MRN, détiennent l'écrasante majorité à l'APN. Hier les invités d'El Islah ont lancé des critiques acerbes contre les rédacteurs de ce projet. «Nous avons fini par comprendre que la commission des 52 n'était en fin de compte qu'un alibi pour imposer des changements de la manière la plus légale», nous a déclaré Lakhdar Benkhelaf d'El Islah. Dans le même chapitre, le ministre de la Justice est accusé d'obéir au courant laïc, quant à Gholam Allah, on lui reproche d'avoir «troqué la casquette du ministre contre celle du partisan d'Ahmed Ouyahia». Les invités à ce séminaire ont tenté tour à tour de disséquer les articles contestés pour mettre au grand jour, preuve à l'appui, «les dangers de ce texte». Le président de l'Association des Oulemas musulmans, Ahmed Chibane, a expliqué que l'avant-projet de loi portant modification du code de la famille constitue «une atteinte grave» à l'Islam, précisant par là même que les débats sur la polygamie, le tutorat n'ont pas lieu d'être. «L'Islam a tranché ses questions». «N'est- il pas la religion de l'Etat?», précise- t-il. Le chercheur Abderzak Guessoum n'hésite pas de parler de «commission parallèle» chargée d'adopter les visions des cercles visant l'occidentalisation de la société. «Le gouvernement a triché en voulant présenter les amendements portés sur ledit texte comme étant ceux arrêtés par la commission des 52.» Ce dernier doute de la volonté du pouvoir d'améliorer la situation de la femme. Il en veut pour preuve «l' exclusion de la commission des instituions religieuses et des juristes spécialisés en la matière». L'orateur plaide pour un référendum. Une éventualité défendue par les présents comme c'est le cas du MSP qui, paradoxalement, remet cette thèse sur le tapis. Il faut dire que ce parti brille par sa duplicité sur cette question. Hier Fateh Guerd a estimé que le référendum constitue l'ultime recours dans le cas où le gouvernement camperait sur sa position. «Bouteflika a bel et bien recouru à cette option pour la concorde civile», souligne-t-il. El Islah, qui a émis 21 réserves sur le nouveau texte, n'a pas l'intention de faire marche arrière et compte accélérer le rythme de sa mobilisation à compter de cette semaine.