Aveu «Le retrait donnerait une élection non crédible», estime «le porte-parole» de l?institution militaire. Le bouillonnement que connaît actuellement l?échiquier politique n?a pu laisser l?armée sans réaction. Hier, le général Mohamed Lamari a saisi l?occasion de la visite du président de la République au musée de l?Armée, hier après-midi, pour expliquer en quelques mots le concept de la «neutralité» de l?institution militaire. Dans des propos rapportés conjointement par Le Matin et El Khabar, le général Lamari a, d?emblée, martelé que «l?armée ne peut jamais être neutre face à une quelconque menace qui pourrait mettre en péril la stabilité du pays». La réponse intervient, on ne peut mieux, durant une étape cruciale dans les affaires publiques marquée principalement par la montée au créneau de voix discordantes faisant état «de la mise au pas de l?administration et de l?appareil judiciaire à des fins partisanes». Parmi ces voix, le «haro», affiché à l?unisson par le groupe des «dix» qui s?est constitué en front uni contre la fraude, demeure, du reste, le plus attractif de toute l?actualité nationale jusqu?à cette sortie médiatique tant attendue de l?armée. «Lorsque ces acteurs politiques poseront concrètement leurs problèmes, nous étudierons leurs doléances», a répondu Lamari. Par ces propos, il faut peut-être comprendre que les doléances du panel ne sont pas très explicites. Il rappelle, au passage, que «l?institution militaire qui suit de très près la situation politique, dispose actuellement de plusieurs scénarios qu?elle ne peut pas rendre publics aujourd?hui». En décodé, le porte-parole de l?armée laisse croire que la balle est désormais dans le camp des acteurs, que ce soit le président en exercice, les autres candidats à la présidentielle ou bien le panel du front antifraude auquel Lamari demande d?être plus clair et plus explicite quant à ses doléances et ce qu?il veut exactement. «On ne va quand même pas oser nous demander d?enlever Bouteflika pour le remplacer par quelqu?un d?autre ! Je me suis exprimé, cela fait plus de deux ans, sur cette question», a-t-il affirmé. Revenant sur les derniers développements politiques, Lamari estime que l?hypothèse d?un retrait en bloc des candidats et d?une course en solo d?un seul «signifierait que les élections ne seront jamais crédibles». L?orateur, qui n?a pas omis d?ailleurs de tirer à boulets rouges sur «ceux qui vendent du papier», allusion à quelques journaux algériens, a réitéré la position de l?armée affichée depuis deux ans déjà. «Toute personne investie des prérogatives du président de la République qui compte toucher à l?ordre républicain, remettre en cause le pluralisme politique ou tenter un réaménagement constitutionnel à la mesure de sa personne ou méprise le peuple trouvera l?armée en face», a -t-il résumé.